“Qu’as-tu fait de ta sœur ? ”

Introduction

“Qu’as-tu fait de ta soeur ?” est une carte blanche à Reine Prat. Elle fait suite à l’invitation de l’autrice au sujet de son essai Exploser le plafond. Précis de féminisme à l’usage du monde de la culture en novembre 2021. A propos des personnes citées tout au long de celui-ci, on lui fait remarquer qu’il n’y a principalement que des femmes

- “Je ne cite que ce qui attire mon attention” répond Reine. 

“Qu’as-tu fait de ta soeur ?” c’est une interpellation. Une invitation à venir rencontrer celles qui prennent la parole sur des sujets multiples : fibromyalgie, les mécanismes de contrôle, l’émancipation sexuelle subie, traduction, fabrique des regards, entre autres. 

“Qu’as-tu fait de ta soeur ? “ c’est la première série d’un cycle de rencontres littéraires, d’un rythme de tous les deux mois environ. Le #1 qui en appellera sûrement de nombreux autres. 

C’est qui Virginie Jortay ?

Virginie Jortay dirige les études du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-  Champagne après avoir dirigé l'École supérieure des arts du cirque de Bruxelles et  réalisé de nombreux spectacles de théâtre. //

Avec “Ces enfants-là”, elle signe son premier roman. Pour autant, le premier roman de Virginie Jortay n’est certainement pas une redite. Dans Ces enfants-là, elle décrit, avec une patience et un courage infinis, une histoire très personnelle, singulière et spécifique. Celle d’une enfant, puis d’une jeune fille, qu’on prive de son corps, de sa personnalité, pour en faire « l’objet de ». Elle démontre, à force de souvenirs, les conditions de l’abus. Ce qui le rend possible. Comment c’est dans les détails, aux alentours, qu’on normalise la perte de soi.

Extrait : « Raconter à partir de soi n'est pas soi, et encore moins une vérité, explique l’autrice. C'est une façon d’agencer. J'ai cherché le rythme et la respiration des phrases, pour traduire la tension mais aussi lâcher les soupapes. Construire ce roman, comme parler de ce qui ne s'énonce pas - ou alors difficilement; il renverra écho - je l'espère - à des lecteur·ices en manque de reflet. » 

Rencontre avec l’autrice Virginie Jortay, pour son livre “Ces enfants-là”.

Ce récit-mémoire est celui d’une enfance : un non-lieu.
Dans ces années-là, les adultes étaient libérés. De contrit à sans tabou, le sexe était au cœur de tout. Joyeux, bardés de musiques et d’électroménagers, les parents laissaient leurs petits avec des paquets de surgelés pour partir à l’étranger. Et cette insouciance qui faisait ambiance… Les hommes en verve avec, dans leur sillage, les épouses, leurs regards posés, leurs gestes prétendus soignants, l’indicible : les corps d’enfants photographiés, chosifiés et – au passage – abîmés.
Cela se passe dans un clos ; une sorte de ghetto qu’il faut fuir, fuir – et oublier.

Quarante ans plus tard, la narratrice revient vers le lieu délaissé; et retrouve, quasi en l’état, les émotions qui l’avaient habitée. Elle cingle ses personnages, assemble les épisodes. Vient enfin une image, et sortent les non-dits. Dire, aujourd’hui, sans pudeur, ce que leur liberté a coûté à… ces enfants-là.