Le jeudi 20 mai 2022, nous avions la joie d’accueillir Joëlle Palmieri pour son livre « La douleur impensée, autopsie féministe de la fibromyalgie, une “maladie de femmes” » dans le cadre du cycle “Qu’as-tu fait de ta sœur ? proposé et animé par Reine Prat. Le lendemain, Joëlle rencontrait les étudiant.es de l’Ensa de Bourges.

Suite à ces deux rencontres, l’autrice a publié sur son blog la page ci-dessous que nous avons le plaisir, non dénué d’une certaine émotion, de vous partager.
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Extrait du blog  : 
« Les jeudi 20 mai et vendredi 21 mai 2022 à Bourges, j’étais l’invitée d’Isabelle Carlier à l’Antre Peaux et de Catherine Fraixe à l’École nationale supérieure d’art, toutes rencontres à l’initiative de Reine Prat.

La première rencontre, le jeudi à 19h, était ouverte à un public large et avait pour vocation de discuter de mon dernier ouvrage « La douleur impensée, autopsie féministe de la fibromyalgie, une “maladie de femmes” ». L’ambiance, extrêmement chaleureuse, a réuni un public varié et après un échange autour de quelques extraits du livre lus par Reine Prat, a permis des échanges fournis notamment sur « l’inadaptation » des sociétés contemporaines et le rôle des « malades » pour le mettre en exergue. »
Joëlle Palmieri

« Chères amies, chers amis, valeureuses accointances, vagues connaissances et agréables inconnu-es,
Ce furent deux années étranges. Et celle-ci s’annonce non moins bizarre.
S’il y a une leçon qu’il nous faut retenir de ces deux dernières années, c’est que tout ça — cette humanité que l’on croyait acquise — est encore bien plus fragile qu’on ne l’avait pensé. Et notre réponse face à cette donnée ne peut pas être, ne doit pas être, les montées de droites extrêmes, racistes, sexistes et xénophobes.
 
C’est le nouvel an, et vient avec lui l’idée des bonnes résolutions habituelles. Plutôt qu’abandonner ces bonnes résolutions dès la mi-janvier, voyons là une opportunité de concevoir et de donner forme à un nouveau monde. Et prenons-y du plaisir. Un sourire aux lèvres, c’est avec désir et joie que nous entamerons la construction imaginale d’un autre monde, un monde qui ne sera pas le leur, un monde qui ne sera pas soumis à la médiocrité de leurs imaginations atrophiées. Un monde qui ne sera pas fait de peur et d’angoisse. Un monde face auquel il est si facile de s’indigner, mais face auquel il est plus difficile d’opposer de l’imaginaire. Un imaginaire renouvelé, qui se sera départi des notions malades de productivité, de rentabilité, de reconnaissance, de réussite.
Un monde où chaque minute, chaque heure, chaque jour de nos vies comptera réellement. Nous ne voulons plus d’un monde où tout ce qu’il nous restera, ce sera la mémoire du temps que nous avons passé à ne rien faire, et du temps que nous avons passé (et perdu) à vouloir commencer.
 
Un monde où nos vies ne seront plus prisonnières du joug de l’économie de marché et où ce diktat s’envolera comme une feuille morte prise dans la tempête de nos cœurs enamourés.
Au milieu de cette folie totale, alors que la société s’effondre sur elle-même dans le chaos le plus total, n’oublions pas de de créer. Sous le corps social, nos rêves tourbillonnants et nos désirs convulsés sont une usine surchauffée. Car si l’on n’est jamais assez triste pour que le monde soit meilleur, celui-ci n’est jamais assez beau pour que nous arrêtions de rêver.
Et si ton cœur désespère, n’oublie jamais, ami, que c’est au cœur de la nuit, dans l’obscurité la plus profonde et la plus dense, que l’on peut voir les étoiles.
 
William Burroughs a dit : « L’intégralité du système existant peut être évacuée par le rêve si l’on trouve assez de personnes pour rêver au niveau de Gysin. »
Je l’écrivais il y a quelques années déjà, mais ceci est encore plus d’actualité que jamais : rêvons dangereusement, outrageusement, et faisons en sorte que quelque chose qui n’existait pas avant nous, qui n’existerait pas sans nous, arrive.
Donc cette année, mon souhait pour chacun de nous est donc des plus petits et des plus simples : Rêvons. Opposons de l’imaginaire à leur imaginaire. Libérons, relâchons, déchaînons nos imaginaires. Et jetons en l’air la poussière de ce monde cage que nos cœurs ne peuvent plus supporter.
« Our love can destroy this whole fucking world. » —Tetsuo
 
Votre dévoué,
Vincent Capes »
Programmateur, fondateur et pilote de Zo – Anima à Nîmes.
 
Anima nous proposera un programme Hacker le réel les 3 et 4 juin 2022. Programme à découvrir ici : https://antrepeaux.net/hacker-le-reel/