9. Biomédias

Entretien avec Hideo Iwasaki, directeur de la plateforme metaPhorest de bio-art et bioésthétique de l’Université Waseda de Tokyo.

Biologiste et artiste, Hideo Iwasaki est professeur au département d’ingénierie électrique et de biosciences de l’Université Waseda à Tokyo. Il s’intéresse à la relation complexe entre les visions scientifiques, philosophiques, culturelles, historiques et esthétiques de la vie. Il travaille à la fois dans les domaines de la science biologique (formations de motifs spatio-temporels à partir des rythmes circadiens, différenciation et formation de motifs de colonies chez les cyanobactéries) et dans l’art contemporain (art du papier découpé, bio-art). En 2007 il fonde metaPhorest, une plateforme interdisciplinaire art/science en biomedia et bioesthétique, où artistes et biologistes partagent un espace pour la science et l’art simultanément.

Les organismes stars au cœur du travail scientifique d’Hideo Iwasaki et de son laboratoire sont les cyanobactéries. Celles-ci (également connues sous le nom d’algues bleu-vert) sont à l’origine des formes de vie plus complexes sur Terre et constituent l’un des organismes les plus répandus, notamment dans les régions polaires, les océans, les lacs, les étangs, les rivières, les sols et les déserts. Elles ont commencé la photosynthèse oxygénique en obtenant de l’énergie présente dans l’eau, grâce à l’énergie solaire il y a environ 2,5 milliards d’années. Elles sont ainsi à l’origine de la Grande Oxygénation qui a fait de la Terre une planète riche en oxygène moléculaire. Sur la base de la symbiose cellulaire, on pense qu’elles sont les ancêtres des chloroplastes des plantes supérieures, toute source de carbone dans le corps des organismes terrestres étant dérivée des réactions photosynthétiques des cyanobactéries et des plantes.

Quand il était enfant, Hideo Iwasaki s’est sérieusement demandé pourquoi il ne pouvait pas lui-même réaliser la photosynthèse : « Si je pouvais le faire, je pourrais passer une journée entière en me prélassant simplement au soleil ! » Cette idée guide largement son travail artistique depuis plus d’une dizaine d’années, ce qui l’a conduit à développer par exemple les projets Photoautotropica ou encore CyanoBonsai. Ces projets l’amènent à questionner son rêve enfantin des « humains verts ». Prend-il la direction d’une utopie ou d’une dystopie ? Nous lui avons demandé s’il avait trouvé une réponse à cette question et ce que signifiait pour lui le « devenir Homo Photosyntheticus » que nous explorons dans cette série pour PALM.

Maya Minder et Ewen Chardronnet

 

Cette série d’entretiens fait partie du projet de recherche artistique « Homo Photosyntheticus » de Ewen Chardronnet et Maya Minder.

Le projet Homo Photosyntheticus est une co-production Antre Peaux / ART2M-Makery et est co-financé par le programme « Art et développement durable : les acteurs culturels s’engagent » de la Région Centre-Val-de-Loire et par le programme Europe Créative de l’Union Européenne (projet More-Than-Planet).
https://www.makery.info/
https://www.more-than-planet.eu/

  

« Financé par l’Union européenne. Les points de vue et avis exprimés n’engagent toutefois que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Union européenne ou de l’Agence exécutive européenne pour l’éducation et la culture (EACEA). Ni l’Union européenne ni l’EACEA ne sauraient en être tenues pour responsables. »

MELiSSA, un projet de l’Agence Spatiale Européenne

Deviendrons-nous des « petits hommes verts » si nous établissons des colonies humaines sur Mars ? Cela pourrait être bien possible, dans la mesure où les micro-algues, et en particulier la chlorelle et la spiruline, sont des candidates majeures pour accompagner les humains dans l’exploration spatiale. Leur culture prend peu de place, est stable et relativement simple, et permet de renouveler l’air de l’habitat par la photosynthèse et d’offrir un complément alimentaire extrêmement riche en nutriments. Leur consommation prolongée pourrait-elle entrainer des évolutions de notre microbiote, et qui sait, de notre physiologie ?

Rencontre avec le programme MELiSSA, Micro-Ecological Life Support System Alternative de l’Agence Spatiale Européenne, qui se donne pour objectif de développer les technologies d’un futur système support-vie régénératif pour les missions spatiales humaines de longue durée. Visant à atteindre le plus haut degré d’autonomie, l’intérêt est donc de produire de la nourriture, de l’eau et de l’oxygène à partir des déchets de la mission et MELiSSA vise idéalement à créer un écosystème circulaire et artificiellement fermé.

Dirigé depuis 1990 par le professeur Christophe Lasseur, MELiSSA a mené en 2017 (soit trente ans après l’expérience chinoise) une expérience à bord de la Station Spatiale Internationale, la mission ArtemISS – abréviation de « Arthrospira gene Expression and mathematical modelling on cultures grown in the International Space Station » (expression génétique et modélisation mathématique d’Arthrospira cultivées dans la Station Spatiale Internationale) – impliquant un photobioréacteur qui permet de déterminer comment la microgravité et les radiations spatiales influent sur le taux de croissance de l’Arthrospira, ou Limnospira indica, plus connue sous le nom de spiruline. Fort du succès de cette mission (la spiruline se développe comme sur Terre), une expérimentation avec un équipage de rats qui pourront respirer grâce à l’oxygène fourni par des bioréacteurs de spiruline devraient également rejoindre l’ISS plus tard dans la décennie.

Nous voulions en savoir plus et sommes allés en novembre 2021 à l’Université Autonome de Barcelone à la rencontre du Dr. Francesc Gòdia, directeur de l’usine test du programme MELiSSA, puis au European Space Research and Technology Centre (ESTEC) de l’Agence Spatiale Européenne à Noordwijk aux Pays-Bas pour rencontrer Christophe Lasseur et sa collègue, la Dr. Sandra Ortega Ugalde.

 

Crédits :
Entretiens réalisés par Ewen Chardronnet

Prise de vue et montage : Sandra Bühler
Mixage : Quentin Aurat
Sous-titrage : David Bernagout

Cette série d’entretiens fait partie du projet de recherche artistique « Homo Photosyntheticus » de Ewen Chardronnet et Maya Minder.

Le projet Homo Photosyntheticus est une co-production Antre Peaux / ART2M-Makery et est co-financé par le programme « Art et développement durable : les acteurs culturels s’engagent » de la Région Centre-Val-de-Loire et par le programme Europe Créative de l’Union Européenne (projet More-Than-Planet).
https://www.makery.info/
https://www.more-than-planet.eu/

« Financé par l’Union européenne. Les points de vue et avis exprimés n’engagent toutefois que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Union européenne ou de l’Agence exécutive européenne pour l’éducation et la culture (EACEA). Ni l’Union européenne ni l’EACEA ne sauraient en être tenues pour responsables. »

Le projet Humalga propose une évolution construite et alternative de l’espèce humaine au croisement de l’humain et de l’algue, un destin évolutif vers l’humalgue. Les artistes présentent des installations d’art biologique, associées à des publications, symposiums ou contextes théoriques de spéculation sur une trans-espèce créée biotechnologiquement par l’hybridation et la modification génétique de l’humain et de l’algue de telle manière que les deux organismes se présentent comme deux entités vivantes distinctes qui vont alterner xénogénétiquement d’une génération sexuelle (humaine) à une génération asexuelle (algale). Comme le précise Šebjanič sur son site internet, Humalga « explore notamment l’instinct de survie de l’homme en tant qu’espèce, évalue le projet dans le contexte de l’anxiété écologique actuelle, examine les questions bioéthiques impliquées et envisage des scénarios futurs impliquant l’humalgue »

Au cœur de la recherche, les artistes proposent des « wet symposiums » publics animés par l’engagement d’experts/chercheurs qui contribuent ainsi à la formation même de l’œuvre d’art. Comme argumente Petrič, « en tant que projection composite, l’humalgue est un outil heuristique qui nous éloigne de l’avenir normal, continu, anticipé, et qui, ce faisant, nous permet non seulement d’observer les paradigmes et les contextes qui définissent l’humanité, mais aussi d’appliquer un nouveau discours, la terRabiologie. »

Le projet Homo Photosyntheticus est une co-production Antre Peaux / ART2M-Makery et est co-financé par le programme « Art et développement durable : les acteurs culturels s’engagent » de la Région Centre-Val-de-Loire et par le programme Europe Créative de l’Union Européenne (projet More-Than-Planet).
https://www.makery.info/
https://www.more-than-planet.eu/

« Financé par l’Union européenne. Les points de vue et avis exprimés n’engagent toutefois que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Union européenne ou de l’Agence exécutive européenne pour l’éducation et la culture (EACEA). Ni l’Union européenne ni l’EACEA ne sauraient en être tenues pour responsables. »

À l’occasion de l’ouverture de l’UrsuLab en octobre 2021 et du démarrage de la résidence Homo Photosyntheticus de Ewen Chardronnet et Maya Minder, les artistes se sont entretenus avec le collectif espagnol Quimera Rosa sur leur projet Trans*Plant et le devenir photosynthèse.

Interview vidéo (crédits) © Ewen Chardronnet et Maya Minder
Co-réalisation (cadrage et montage) : Sandra Bühler

Traduction et sous-titrage : Arielle Estrada, Ewen Chardronnet, David Bernagout

Trans*Plant est un projet transdisciplinaire, initié par Quimera Rosa en 2016, qui utilise des systèmes vivants et est basé sur l’auto-expérimentation : c’est un processus qui implique une transition « humain > plante » dans différents formats. Le projet juxtapose des disciplines telles que les arts, la philosophie, la biologie, l’écologie, la physique, la botanique, la médecine, les soins infirmiers, la pharmacologie et l’électronique. Trans*Plant entend développer un projet qui s’implique dans les débats actuels sur l’Anthropocène à partir d’une perspective qui n’est pas basée sur « l’exceptionnalisme humain et l’individualisme méthodologique », mais qui aborde le monde et ses habitants comme le produit de « processus cyborg », de « devenir avec » et de « sympoïèse ».

Quimera Rosa nous engage à penser à une écologie non anthropocentrique devant « passer d’identités fondées sur des essences à des identités fondées sur des relations ». Ils nous expliquent le processus de transition humain>végétal incluant un protocole d’injection de chlorophylle auquel ils se sont expérimentés et qui, par les peurs, les fantasmes et les jugements qu’il génère, ouvre le débat sur le système identitaire. Le collectif l’affirme : « un processus d’auto-expérimentation n’est pas un processus individuel, il est toujours collectif ». Et nous rappelle que « obtenir une molécule pure de chlorophylle est aussi difficile que de se procurer de la testostérone auprès de l’industrie pharmaceutique et biomédicale ou du système juridique et sanitaire. Toute vie est brevetée », alertent-ils.

Le projet Homo Photosyntheticus est une co-production Antre Peaux / ART2M-Makery et est co-financé par le programme « Art et développement durable : les acteurs culturels s’engagent » de la Région Centre-Val-de-Loire et par le programme Europe Créative de l’Union Européenne (projet More-Than-Planet).
https://www.makery.info/
https://www.more-than-planet.eu/

« Financé par l’Union européenne. Les points de vue et avis exprimés n’engagent toutefois que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Union européenne ou de l’Agence exécutive européenne pour l’éducation et la culture (EACEA). Ni l’Union européenne ni l’EACEA ne sauraient en être tenues pour responsables. »

An Emmetrop – Antre Peaux association production

Dates (Period): 18/10/19 – 18/01/2020

All details here : http://green.rixc.org/ou-ert-phytophilia-chlorophobia-situated-knowledges-2-1/

This project has been supported by the European Union’s Creative Europe programme GREEN (Green Revisited: Encountering Emerging Naturecultures) in collaboration with Bandits-Mages and ENSA Bourges.

More about the global project Green Revisited here : http://green.rixc.org/

 

 

Un événement du medialab Makery

Comment favoriser les rencontres entre les pratiques artistiques et la recherche biomédicale en santé ? Comment l’art peut-il soulever des questions d’équité dans l’accès aux soins ? Quel type de vocabulaire et de méthodologies pouvons-nous utiliser pour engager et encourager des collaborations interdisciplinaires susceptibles de contribuer activement au soutien des personnes vulnérables, malades ou victimes d’inégalités dans l’accès au soin ?Et comment pouvons-nous répondre à des questions aussi urgentes que l’exclusion des groupes marginalisés des soins de santé, les migrations mondiales, les effondrements de la santé environnementale et la nécessité de favoriser des soins radicaux en ces temps de pandémie ?

Open Source Body est un festival transdisciplinaire organisé tous les deux ans par le medialab Makery.info afin de favoriser les rencontres et les collaborations entre artistes et professionnels de la santé et de la recherche biomédicale. En 2021 Open Source Body s’associe à la Cité Internationale des Arts et au tiers-lieu Volumes Paris pour 3 jours de conférences, discussions, ateliers et performances. Open Source Body s’est tenu dans le cadre de ART4MED.EU (2020-2022), initiative co-financée par le programme Creative Europe de l’Union Européenne.

OPEN SOURCE BODY          ART4MED          MAKERY

 

PROGRAMME :

CITÉ INTERNATIONALE DES ARTS

Jeudi 20 mai, matinée : Anthropologie, féminisme, postcolonialité et soins radicaux

Natasa Petresin (Fr/Si), Cité Internationale des Arts – modération
Emilia Sanabria, CNRS
Aniara Rodado
Luiza Prado
Paloma Ayala, Badlab Collective

Jeudi 20 mai, après-midi : ART4MED, Art Meets Health and Biomedical Research

Ewen Chardronnet – modération
Adriana Knouf, Miha Tursic – Waag, Nl

Emilia Tikka, Erich Berger, Oula Valkeeapa, Lena Valkeepa – Bioart Society, Fi
Shu Lea Cheang, Vivien Roussel – Art2M/Makery, Fr
Helena Nikonole & Lucy Ojomoko, Jurij Krpan & Simon Gmajner – Kersnikova Institute, Si

Vendredi 21 mai, matinée : Perturbateurs endocriniens et design d’action publique

Ewen Chardronnet – modération
Aliens in Green: Bureau d’études + Špela Petrič
Mariana Rios Sandoval (CNRS)

Vendredi 21 mai, matinée : Ensargasse-Moi

Annabel Guérédrat

Vendredi 21 mai, après-midi : Photosymbioses et santé humaine – panel 1

Jens Hauser (Medical Museion Copenhagen)
Myra Chavez (Anatomy Institute, Bern University)

 Vendredi 21 mai, après-midi : Photosymbioses et santé humaine – panel 2

Jens Hauser – modération
Maya Minder & Ewen Chardronnet
Quimera Rosa

20-22 mai, petite galerie de la Cité Internationale des Arts

Seconde peau – soft walls, patch.e.s & soap
Exposition de Nathalie Harb & Benoit Piéron

VOLUMES LAB & FOODLAB

Samedi 22 mai, après-midi

Echo of Leaf and Body, workshop du BabLab Collective

Green Open Food Evolution, workshop de Maya Minder

ICTUSCORDIS, performance de Janus Alez Luznar

Ictus Cordis · ICTUSCORDIS performance recorded @ OpenSourceBody – Paris 22.5.2021

 

©Quentin Chevrier
©Quentin Chevrier
©Quentin Chevrier
     

Kina Madno est artiste et membre de Quimera Rosa. Elle a fondé et initié UrsuLab, le biomédialab d’Antre Peaux. À cette occasion nous avons mené un entretien pour nous éclairé sur ce que sont les biolabs.

– Quelle est ton expérience des biolabs ?

Mon expérience dans des biolabs a commencé en 2017 dans le Centre d’Arts et Technologies Etopia à Saragosse, en Espagne, dans le cadre d’une résidence artistique du collectif Quimera Rosa dont je fais parti. Etopia possède un laboratoire professionnel supervisé par une équipe de l’Université de Saragosse et une biologiste nous a formé à l’utilisation de ce laboratoire.

C’est ensuite à Barcelone, dans le cadre d’un programme co-porté par Hangar, Centre de Production et de Recherche en Arts Visuels, et le Parc de Recherche Biomédicale de Barcelone que cette formation a continué. Une formation initiale dans le PRBB dans un laboratoire (niveau BSL3) sur la culture de cellules a été suivi d’un programme de recherche biomédicale dans le biolab de Hangar. La collaboration avec Hangar étant permanente la nouvelle version de son biolab s’est faite en même temps que celle d’UrsuLaB et nous avons pu mutualiser des connaissances. Nous avons également monté de laboratoires temporaires dans le cadre d’ateliers à l’université de Davis Californie et  l’Université Goldsmth à Londres . Enfin dans le cadre de différents projets nous avons eu accès au au biolab de d’Ars Electronica à Linz, Autriche et de celui de Kerniskova Institute en Slovénie.

– Qu’est que l’UrsuLab, en quelques mots ?

UrsuLaB un nouveau lieu-outil installé et porté par Antre Peaux. Il est constitué par unE laboratoire de biologie (niveau BSL1, homologué par l’OMS pour des activités pédagogiques avec des organismes non pathogènes), une grainothèque / banque de graines ainsi que par un centre de documentation. Il est destiné à travailler en interrelation avec les différents secteurs d’Antre Peaux afin d’accueillir artistes, scientifiques, scolaires, maraîchèr.es, agriculteur\trices, enseignant.e.s pour des activités de recherches, d’expérimentations, de transmissions et de rencontres. UrsuLaB vise à diversifier et mettre en relation les publics existants en tendant des ponts entre mondes urbain et rural. UrsuLaB propose également une articulation entre local et global, qui nous semble indispensable pour éviter les replis identitaires actuels. UrsuLaB est également un outil pour mener des actions hors les murs depuis une perspective arts, sciences et écologies. Enfin, UrsuLaB est un moteur pour la transition écologique d’Antre Peaux.

– Quel a été le cheminement, en quelques mots ?

Le cheminement commence par un long compagnonnage entre Antre Peaux et Quimera Rosa. De nombreuses activités de préfiguration sous forme de résidences, ateliers et événements ont permis d’établir les bases de la création d’UrsuLaB. Aucun biolab de ce type n’existait en France et l’ancrage d’Antre Peaux sur le territoire depuis plus de 35 ans, la qualité et diversité de son équipement ainsi que de son équipe professionnelle en faisait le lieu idéal pour ce projet. C’est à partir de ces bases qu’un dossier a été élaboré pour présenter à la Fondation Carasso. Après avoir reçu une réponse favorable et un soutien important de sa part nous avons démarré travaux et équipement. Nous avons à partir de là renforcer nos partenaires institutionnels, en particulier la Région Centre-Val de Loire et la DRAC dans le cadre du plan de relance, ainsi que des rencontres avec des acteurs du territoire. Et nous avons pu, malgré la situation pandémique, pu accueillir des artistes et d’étudiants locaux en résidence, ainsi que des médiations avec des publics spécifiques (scolaires, EHPAD) et des activités en ligne.                                                    

– D’où vient le mot UrsuLab ?                                                                                                         

Le nom UrsuLaB est un hommage à l’autrice de science-fiction Ursula K. Le Guin, qui dans ses romans évoquait depuis des dizaines d’années la situation de crise écologique que nous vivons actuellement. Le choix de ce nom établit un également un ancrage féministe pour aborder les défis en cours, raison pour laquelle nous définissons UrsuLaB comme unE laboratoire. Enfin une dimension qui nous semble capitale et qu’elle insistait sur la nécessité de créer de nouveaux récits afin de pouvoir changer le présent. Et que contrairement à de nombreux récits catastrophistes elle proposait des récits non dystopiques (ce qui ne veut pas dire utopique).

– Comment le vois-tu dans un futur plus ou moins proche ?

Pour faire le lien avec la question précédente et en suivant l’inspiration donnée par Le Guin, je dirais qu’UrsuLaB pourrait participer à créer des présents désirable et des futurs possibles, ancrer les synergies entre différents types d’acteurs afin d’appréhender les problèmes actuels et de créer du dialogue En termes pratiques et vu les nombreuses sollicitations que nous avons déjà reçu, tant au niveau local qu’international  avant même d’avoir fini les travaux, j’imagine qu’à court et moyen terme, UrsuLaB sera une laboratoire qui sera appropriée par de plus en plus de personnes différentes et qu’il pourra devenir un lieu de référence capable de créer de nouvelles synergies dans le territoire où il est ancré et que de plus en plus de partenariats seront établis entre monde rural et urbain, entre privé et public, et que de nouvelles filières d’enseignement pourront être créées.

Plus à propos de Kina Madno et du collectif laboratoire Quimera Rosa à découvrir ici : https://quimerarosa.net/

Résidence réalisée dans le cadre de la Fabrique permanente de création “Mille et un plateaux” en décembre 2021.

Karine Bonneval, artiste visuelle en collaboration avec Shoï, artiste, musicien plasticien, vidéaste, performeur et chercheur. Un projet arts et sciences avec les scientifiques en biomécanique végétale. Eric Badel, INRAE PIAF (Clermont Ferrand), Emmanuel De Langre, LadHyX (Paris) et Nicolas Visez, laboratoire PC2A (Lille). En partant d’un outil mis au point par des scientifiques et des programmateurs permettant de visualiser les mouvements des branches et des feuilles sous différents vents, l’idée est de créer un environnement sonore et visuel, une installation qui montre la complexité et la beauté des interactions entre l’arbre, le vent et l’humain : adaptation de la structure, échanges de COV (Composés organiques Volatiles), de pollen anémophiles, pollution.

 

« Dans le cadre des résidences EMARE (European Media Artist in Residence Exchange) organisées par le réseau EMAP (European Media Art Platform), l’Antre Peaux, membre d’EMAP a accueilli Sophie Hoyle.

Au cours de sa résidence dans l’UrsuLaB, le bio-lab de l’Antre Peaux, Sophie a déployé son projet Chronica.

Chronica (2021) vise à explorer les expériences partagées de la maladie chronique, du handicap et du traumatisme collectif à travers de multiples formes de marginalisation sociale mais aussi des formes de guérison collective et de connaissance corporelle autonomes par rapport au système de santé. L’artiste a donc, au cours de sa résidence, expérimenté différentes « mesures » ou « marqueurs » biologiques du traumatisme dans le corps, dans les cellules de la peau et les tissus musculaires comme le fascia, en utilisant l’Ursulab pour des explorations bricolées et spéculatives sur le corps plutôt que la recherche scientifique.
Son travail s’est aussi déployé dans le Houlocène, studio-corps de l’Antre Peaux.

Vivant elle-même avec une maladie chronique et des handicaps liés, notamment à un traumatisme, Sophie raconte à travers son travail, ses expériences personnelles en tant que personne homosexuelle, non-binaire et membre de la diaspora du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pour explorer la dimension politique des questions de handicap, les inégalités en matière de soins de santé et l’histoire des technologies biomedicales.

Chronica s’écrit aussi à partir des expériences d’autres artistes en situation de handicap.

A Bourges, par exemple, un travail avec un.e artiste danseur.se berruyer.e s’est déroulé. Sophie a été accompagnée sur la prise de vue de ce travail chorégraphique par un autre artiste berruyer.

Avec l’arrivée du COVID, les objectifs initiaux du projet ont dû être modifiés et adaptés.
Ainsi, la première partie de la résidence a lieu à Londres, lieu de résidence de l’artiste, en février. Pour cette première partie de résidence, Sophie Hoyle s’est appuyée sur différents réseaux d’artistes de la ville pour discuter du handicap et de la psychiatrie transculturelle ».

Découvrez l’artiste Sophie Hoyle. Artiste et écrivain britannique, ielle aborde dans son travail l’approche intersectionnelle des questions post-coloniales, queer, féministes, du handicap et de la psychiatrie critique.

Interview réalisée par Sacha Leclerc lors de sa résidence à l’Ursulab (Antre Peaux) (VOSTFR/EN)

Pour aller plus loin :

L’ensemble de son travail sur son vimeo.

Makery l’a rencontré(e) avant sa résidence EMARE – European Media Art Residency – à l’Antre-Peaux de Bourges 

Article Makery FR
Article Makery EN

Lors du werkleitz festival 2021, ielle à tenu.e une conférence en ligne autour de son dernier projet Chronica :

Werkleitz Festival

 

 

Une résidence du 18 au 22 janvier pour écrire de nouveaux mondes avec Emilia Sanabria et Aniara Rodado. 

HealingEncounters passera une semaine dans une résidence d’écriture spéculative immersive hébergée par UrsuLab, un laboratoire de biomédias qui s’inspire de l’écrivaine de science-fiction Ursula Le Guin. La résidence s’appuie sur une première expérience d’écriture de science-fiction entre Joe Dumit et Emilia Sanabria dans le cadre d’une invitation de la revue American Ethnologist à spéculer sur les futurs post-Covid. Ils s’inspirent de l’expertise afro-féministe pour s’engager autrement avec l’avenir et ainsi reprendre les pratiques proposées par le trouble-fête afroféministe queer Alexis Pauline Gumbs. Ils seront rejoints par Joe Dumit (UC Davis), Kris Peterson (UC Irvine) et Aniara Rodado (Ecole Polytechnique).

 

Le chant du monde, est une proposition de résidence au sein de l’UrsulaB, un centre de ressources et de recherche trans-disciplinaires sur les bases de partenariats les plus ouverts possible. Cette espace logé à la friche artistique de Bourges qui convoque à la fois fiction et réconciliation avec le vivant, est un lieu d’exploration, de co-habitation pour revoir le monde comme une forêt.
 
Face, à une crise qui remet en cause nos liens de proximité, balayant dans la lumière les poussières d’inégalités créées par notre société, nous sommes en mesure de nous interroger sur comment établir un lien entre les hommes et les plantes ? 
 
Face à cette situation sanitaire, les plantes deviennent des compagnes, des confidentes de premier choix. Elles sont là près de nous dans nos intérieurs de confiné, elles habillent de joie nos journées, comblent l’ennui par leur présence d’organisme vivant.
 
La contrainte exercée par le confinement devient une source de réflexion sur l’utilisation de moyens présents pour établir des échanges mais aussi créer de nouveaux moyens de rapprochement, pour apaiser nos corps humain mais aussi nos corps végétaux.
 
« Parlez-vous à vos plantes ? »
« -Il faut leur parler. Je leur dis : « Et bien, tu es bien mignonne. » Hier j’ai coupé une petite feuille. « Bon, elle te gène, je vois bien, il faut l’enlever, voilà. »  me répondait Madame Brants 84 ans pensionnaire à la maison de retraite terre nègre à Bordeaux.
 
Je vous propose cette expérience, ce voyage d’une interaction inter-espèce entre vous et moi mais surtout entre nous est elles. 
La crise viens du mots grec krisis, sa définition est multiple. Elle définit par exemple, l’étape au cours d’une maladie ou l’on tend vers le mieux être ou le pire. 
Ici c’est un appel à l’imagination, à réinventer, l’appel du végétal à partager ! 
Recréons une relation de colocataire entre hommes/plantes et tout organisme qui vit avec nous ce confinement uniquement humain. 
À partir de ses travaux anthropologiques sur la globalisation des rituels d’ayahuasca, une potion amazonienne psychotrope, Emilia Sanabria s’interrogera sur l’efficacité des dispositifs de guérison. Les rituels d’ayahuasca sont des dispositifs multispécifiques où les rapports humains-plantes/mondes sont en jeu. Ces dispositifs transforment les modes d’attention. Si en occident l’accent est mis sur l’efficacité pharmaceutique de la plante, les pratiques traditionnelles de guérison révèlent l’importance du cadre rituel, de la manière avec laquelle l’espace est tenu et l’importance primordiale du soin donné aux choses.
 
A partir de ses travaux de géographie environnementale, qu’il qualifie volontiers de gaïagraphiques, Denis Chartier s’interrogera sur l’efficacité des dispositifs de réponses à la catastrophe écologique et de guérison du « corps territorial ». Après un bref rappel de ce qui verrouille les propositions d’écologie politique (en Amazonie, dans les conférences internationales, etc.), Il montrera, à travers la présentation des pratiques de viticulteur.e.s en vins naturels de la vallée du Cher et du Beuvron, l’importance primordiale du soin, de sa mise en résonance avec les autres qu’humains, visibles ou invisibles, pour pleinement construire de nouveau modes d’habiter multispécifiques.