Carte blanche à Le Treize

Informations

Événement en ligne à retrouver ici même à 18h

Les films sont disponibles pour une durée de 24h

“J’ai montré mes films un peu à ma mère, qui a adoré, presque tous à Joanny parce que Tim fait la gueule quand il les voit. Personne ne veut de ces films. Nicolas Bourriaud les a gardés six mois au palais de Tokyo sans les programmer comme il l’avait promis. Il a fini par m’écrire un mot de regret, merci bien. Florence Fradelizi m’a parlé d’autre chose. Tant pis pour le Festival du film gai. Je les avais montrés à la bande à Canal et même déjeuné avec Alain Burosse. To no avail. Je les ai montrés à des journalistes de Sofa, qui ont été horrifiés mais en ont parlé. Je les ai fait passer aux gens du Festival du film underground qui m’ont dit qu’ils étaient sûrs que j’avais plein d’occasions de les montrer. Alors, j’en fais quoi ? Comme Donner, un petit commerce de DVD ? Ou alors je les montre en galerie, à Alain Gutharc (je le connais par Delphine Kreurer)? Il ne les a pas vus, j’ai peur qu’il refuse, dans le contexte, je n’aurais pas supporté. Chez Eof, les copains de Villovitch (elle m’a écrit un gentil petit mot très chiadé à cet effet parce que je l’ai survendue dans Dernier roman) ? Pour qu’on me rie au nez après Wojnarowicz et que ça passe une semaine? Le mieux serait d’avoir un site où on peut les télécharger moyennant un don à mes œuvres. C’est l’équivalent actuel du cinéma d’art et d’essai en bas de chez soi de Warhol, non ? Cela dit, je comprends. Moi non plus je n’ai pas envie de les voir les films de Houellebecq. Surtout s’ils sont bien.”

Guillaume Dustan, Premier Essai, Chronique du temps présent, 2005

Inviter Treize sonne comme une évidence lorsque l’on veut travailler autour de Guillaume Dustan aujourd’hui. L’espace indépendant a développé une véritable expertise sur son œuvre et sur l’auteur. Les films de Dustan sont restés longtemps soustraits des visionnages publics. Ils sont pourtant, au-delà de leur intérêt artistique, une archive communautaire, un témoignage d’une époque. Et Treize continue de mettre à nu l’auteur et ses œuvres pour notre plus grand plaisir parfois déviant

 

Nietzsche

Vidéo DV, 62 min, 2002

 
Nietzsche, un journaliste feuj ancien rédac chef de BFM vient me voir pour un bouquin sur les gays et on parle, je suis assis au bureau de Tim. Nietzsche, après Poubelle et Sorbelli, est le dernier film d’entretien de Guillaume Dustan. Il répond au journaliste Yves Derai, dans le cadre de la préparation de son livre Le gay pouvoir : Enquête sur la République bleu blanc rose (2003).
 
Le film lui permet d’enregistrer un flux de pensées politiques, à la fois ancrées dans l’actualité (l’arrivée du PS à la Mairie de Paris, les suites du PACS, les élections de 2002…), et plus spécifiquement d’un point de vue intime et nietzschéen.
La forme de l’entretien d’une heure, sans coupe, permet à Dustan de s’exprimer comme il n’aura jamais l’occasion de le faire ailleurs. Il revient notamment sur son conflit avec Act Up-Paris, sur son rapport à la gauche et à la politique locale, sur le libéralisme philosophique et la notion d’individualisme.Un an plus tôt, Dustan publie Génie Divin dans lequel il rédige notamment son « (programme) » politique et une série de courts essais dont le contenu s’articule à bien des égards avec ce film. Cette phrase, trouvée dans les archives de Guillaume Dustan à l’IMEC, permet de comprendre et d’accepter certaines manières non-linéaires et toujours
mouvantes, celles de la langue orale, par lesquelles il déploie ses raisonnements : « je suis ainsi, et comme ci, et comme ça, sans contradiction. »
 

 

 

Squat

Vidéo DV, 63 min, 2002

Squat, un film à Londres avec Tim dans un squat pour Queeruption, une réunion d’activistes queer fils de à DV, très beau très poétique, comme les autres mais encore plus parce qu’il y a plus de gens c’est émouvant je ne filme pas les têtes comme ça je ne demande pas d’autorisation.

Squat est le seul film documentaire « sur la communauté » où Dustan filme les principes et activités du squat queer – les règles relationnelles et sexuelles, les fanzines et infokiosques, les performances drag… Comme son ami Tim le raconte, et comme on peut le lire dans les textes de Dustan à cette période, c’est le passage pour Dustan du ghetto gay à la culture queer, guidé par des personnes plus jeunes que lui, qui seront aussi pour certain.e.x.s des auteur.trice.s du Rayon, la collection de livres LGBTQI+ dirigée par Dustan de 1999 à 2003.

 

 

 

 

Ouvert en 2009, Treize est une association, un lieu d’exposition et de production (de films, de concerts, de musique et de livres) qui œuvre depuis onze ans au soutien, à la promotion et à la diffusion de l’art contemporain dans le quartier de Ménilmontant.