Entretien avec Kina Madno
9. Biomédias/ Portraits d'artistes

Entretien avec Kina Madno

Cofondatrice du biomedialab UrsuLaB

Kina Madno est artiste et membre de Quimera Rosa. Elle a fondé et initié UrsuLab, le biomédialab d’Antre Peaux. À cette occasion nous avons mené un entretien pour nous éclairé sur ce que sont les biolabs.

– Quelle est ton expérience des biolabs ?

Mon expérience dans des biolabs a commencé en 2017 dans le Centre d’Arts et Technologies Etopia à Saragosse, en Espagne, dans le cadre d’une résidence artistique du collectif Quimera Rosa dont je fais parti. Etopia possède un laboratoire professionnel supervisé par une équipe de l’Université de Saragosse et une biologiste nous a formé à l’utilisation de ce laboratoire.

C’est ensuite à Barcelone, dans le cadre d’un programme co-porté par Hangar, Centre de Production et de Recherche en Arts Visuels, et le Parc de Recherche Biomédicale de Barcelone que cette formation a continué. Une formation initiale dans le PRBB dans un laboratoire (niveau BSL3) sur la culture de cellules a été suivi d’un programme de recherche biomédicale dans le biolab de Hangar. La collaboration avec Hangar étant permanente la nouvelle version de son biolab s’est faite en même temps que celle d’UrsuLaB et nous avons pu mutualiser des connaissances. Nous avons également monté de laboratoires temporaires dans le cadre d’ateliers à l’université de Davis Californie et  l’Université Goldsmth à Londres . Enfin dans le cadre de différents projets nous avons eu accès au au biolab de d’Ars Electronica à Linz, Autriche et de celui de Kerniskova Institute en Slovénie.

– Qu’est que l’UrsuLab, en quelques mots ?

UrsuLaB un nouveau lieu-outil installé et porté par Antre Peaux. Il est constitué par unE laboratoire de biologie (niveau BSL1, homologué par l’OMS pour des activités pédagogiques avec des organismes non pathogènes), une grainothèque / banque de graines ainsi que par un centre de documentation. Il est destiné à travailler en interrelation avec les différents secteurs d’Antre Peaux afin d’accueillir artistes, scientifiques, scolaires, maraîchèr.es, agriculteur\trices, enseignant.e.s pour des activités de recherches, d’expérimentations, de transmissions et de rencontres. UrsuLaB vise à diversifier et mettre en relation les publics existants en tendant des ponts entre mondes urbain et rural. UrsuLaB propose également une articulation entre local et global, qui nous semble indispensable pour éviter les replis identitaires actuels. UrsuLaB est également un outil pour mener des actions hors les murs depuis une perspective arts, sciences et écologies. Enfin, UrsuLaB est un moteur pour la transition écologique d’Antre Peaux.

– Quel a été le cheminement, en quelques mots ?

Le cheminement commence par un long compagnonnage entre Antre Peaux et Quimera Rosa. De nombreuses activités de préfiguration sous forme de résidences, ateliers et événements ont permis d’établir les bases de la création d’UrsuLaB. Aucun biolab de ce type n’existait en France et l’ancrage d’Antre Peaux sur le territoire depuis plus de 35 ans, la qualité et diversité de son équipement ainsi que de son équipe professionnelle en faisait le lieu idéal pour ce projet. C’est à partir de ces bases qu’un dossier a été élaboré pour présenter à la Fondation Carasso. Après avoir reçu une réponse favorable et un soutien important de sa part nous avons démarré travaux et équipement. Nous avons à partir de là renforcer nos partenaires institutionnels, en particulier la Région Centre-Val de Loire et la DRAC dans le cadre du plan de relance, ainsi que des rencontres avec des acteurs du territoire. Et nous avons pu, malgré la situation pandémique, pu accueillir des artistes et d’étudiants locaux en résidence, ainsi que des médiations avec des publics spécifiques (scolaires, EHPAD) et des activités en ligne.                                                    

– D’où vient le mot UrsuLab ?                                                                                                         

Le nom UrsuLaB est un hommage à l’autrice de science-fiction Ursula K. Le Guin, qui dans ses romans évoquait depuis des dizaines d’années la situation de crise écologique que nous vivons actuellement. Le choix de ce nom établit un également un ancrage féministe pour aborder les défis en cours, raison pour laquelle nous définissons UrsuLaB comme unE laboratoire. Enfin une dimension qui nous semble capitale et qu’elle insistait sur la nécessité de créer de nouveaux récits afin de pouvoir changer le présent. Et que contrairement à de nombreux récits catastrophistes elle proposait des récits non dystopiques (ce qui ne veut pas dire utopique).

– Comment le vois-tu dans un futur plus ou moins proche ?

Pour faire le lien avec la question précédente et en suivant l’inspiration donnée par Le Guin, je dirais qu’UrsuLaB pourrait participer à créer des présents désirable et des futurs possibles, ancrer les synergies entre différents types d’acteurs afin d’appréhender les problèmes actuels et de créer du dialogue En termes pratiques et vu les nombreuses sollicitations que nous avons déjà reçu, tant au niveau local qu’international  avant même d’avoir fini les travaux, j’imagine qu’à court et moyen terme, UrsuLaB sera une laboratoire qui sera appropriée par de plus en plus de personnes différentes et qu’il pourra devenir un lieu de référence capable de créer de nouvelles synergies dans le territoire où il est ancré et que de plus en plus de partenariats seront établis entre monde rural et urbain, entre privé et public, et que de nouvelles filières d’enseignement pourront être créées.

Plus à propos de Kina Madno et du collectif laboratoire Quimera Rosa à découvrir ici : https://quimerarosa.net/

UrsuLaB est unE laboratoire artistique qui s’intéresse au sujet majeur de notre époque, le vivant et les écologies et qui intègre donc les sciences et technologies du vivant à un processus de démocratisation. Le cadre transdisciplinaire des projets développés posent de nouveaux regards sur notre monde, en particulier face à la crise écologique en cours.

Actuellement le nombre d’artistes qui adoptent les biotechnologies comme médium est en nombre croissant. Or, contrairement à la majorité des pays voisins, il n’existe en France aucun lieu dédié à ce type de pratiques.

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