Le terme partition désigne d’abord le texte musical qu’un compositeur propose à des interprètes. Mais il est avant tout une opération de division dont l’usage lexical le plus courant concerne l’éclatement d’un pays en deux ou plusieurs Etats qui implique que se dessinent de nouvelles frontières. Le film est par essence traversé de nombreuses partitions (fiction/documentaire, image/son, silencieux/parlant…) et le montage qui est une de ses inventions majeures consiste en des opérations de coupe et de collage.
Le cycle Films-Partitions fait l’hypothèse que certains films constituent des partitions dans les deux acceptions du terme : au sens musical, comme composition et au sens géopolitique comme moment de division.
Des figures en exil qui prennent la mesure de leur déracinement (La Rivière Subarnarekha, Réminiscences d’un voyage en Lituanie), le refus de l’ordre des choses (Bonjour, L’ordre), la lutte amusée de l’ancien et du moderne (Mon Oncle), le retour d’un compositeur venant prendre la mesure de son héritage ( Ludwig Van), une communauté animale organisant sa survie (Fantastic Mister Fox), l’arpentage d’un territoire historique et la violence de la frontière (Méditerranée, Mur) ou encore la communauté ambiguë que composent des musiciens (The connection), sont autant de motifs qui nous engagent à scruter le monde et à en dévoiler le partage.
Si comme le dit le philosophe Jacques Rancière « le partage du sensible fait voir qui peut avoir part au commun en fonction de ce qu’il fait et du lieu où il est. », le film entendu comme partition est un usage du monde où le spectateur peut décider de sa place et de son interprétation.