Meraki ! Sous Les Plastiques La Plage

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Le film sera visible sur cette page. 
Rendez-vous le 14 avril ! 

Vinyle en vente!

La bande originale (B.O) en vinyle de MERAKI ! Sous les plastiques la plage + bonus tracks est en vente !
Vous pouvez le commander par mail via phabrice77@gmail.com
ou possibilité de l'acheter à Lollypop music store Marseille

Tarif : 20€ + frais de port

Distribution

Réalisation :  Madely Schott et Phabrice Petitdemange
Images : Emmanuelle Jacobson-Roques, Madely Schott et Phabrice Petitdemange
Textes, poèmes et rituels : Madely Schott et Phabrice Petitdemange
Musique originale, mixage et post-production : Phabrice Petitdemange
Mastering son : Nicolas Dick et Phabrice Petitdemange
Montage : Madely Schott et Phabrice Petitdemange avec l'aide de Fatima Bianchi
étalonnage : Thomas Bertay
Avec : Jérémie frémont, Madely Schott, Phabrice Petitdemange, et Sophie Bonnard
Voix de la déesse ZOUN :  John Deneuve
 
Avec le soutien  du ministère de la Culture, la direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d’Azur, l'aide à la création année 2020, Art-cade, Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine (Marseille)
Isabelle Carlier, Antre Peaux, artculture et autres (Bourges), le Créfad Loire et Sycomore Film (Paris)

L’humain s’est vaincu lui-même. Deux rescapé·es font face aux vestiges d’un monde dont iels n’ont plus que de vagues souvenirs.


Voir le film

« Meraki ! Sous les plastiques la plage est un ensemble de performances sonores, d’objets conceptuels et d’installations réalisé sur une plage submergée de plastiques. Équipé·es d’un panneau solaire afin de nous assurer un minimum d’autonomie, nous avons entrepris de nettoyer, lentement mais sûrement, la plage. Immergé·es dans ce décor post-apocalyptique et isolé·es de la synergie du quotidien, nous avons décidé de filmer cette quête. 

Nous avons commencé à trier méthodiquement, à la manière d’anthropologues, les rebuts de la plage abandonnée et à collecter toutes traces de cet ancien monde afin d’en comprendre ses enjeux et les raisons de sa disparition. Ces vestiges ont progressivement façonné une nouvelle mythologie venue s’insérer dans notre quotidien. Des parures, offrandes et temples ont pris forme ; notre solitude ayant convoqué un monde peuplé de divinités. »

Teaser

« Sous Les Plastiques La Plage »
Voogt Force – 2022
A l’ombre de la biologie
 
« Même si l’on a pas vu C.H.U.D., on sait que la thématique du déchet est saisissante.
Avant de faire des enfants, avant de faire de magnifiques œuvres d’art, avant de faire
des conneries dans le cadre d’un plan d’aménagement péri-urbain au service des actionnaires
du secteur privé, la première chose que fait un être humain, c’est fabriquer des déchets.
D’abord avec son organisme, bien sûr (même sans amalgames, l’être humain défèque
beaucoup plus sûrement qu’il enfante), mais aussi en consommant, les emballages s’envolent
dans le paysage, même en habitant, la maison sue des sciures et des poussières et
des eaux polluées, même sans bouger, le petit être humain exhale des rognures d’ongles et
des cheveux qui tombent et des choses qu’il ne peut pas garder.
Le déchet est le premier rejeton de l’humain et, aussi, la distinction même entre ce qui est déchet
et ce qui ne l’est pas est au centre de l’activité intellectuelle, économie et écologie confondues,
de la cité, de la civilisation, de l’Histoire du sel (distingué de la poussière).
Enfin, je crois.
C’est quoi qu’il en soit, propulsé comme un bolide par toutes ces logiques surgies de la révolution industrielle que j’ai vu Sous le Plastique, la Plage.
Voici le canevas dramatique : deux êtres humains surgissent de la mer sur un rivage ensoleillé couvert de déchets. Surtout du plastique. Elément non-recyclable, le plastique est le grand notable du déchet, il demeure alors que le reste se dissout.
Notre départ de l’humanité va se mettre en tête, non seulement de tout nettoyer, mais surtout de donner (de gré ou de force) un sens à tout ceci. Dans une industrie primitive, une comptabilité forcenée s’ordonne (les sacs de volume égal s’alignent), avant de s’augmenter d’un inévitable artisanat du recyclage, qui débouche bientôt sur une pratique en équilibre entre la science, la spiritualité et le spectacle.
Scientifiquement, les antennes et les téléphones bricolés avec des pneus et des essuie-glaces ne permettent peut-être pas beaucoup de communication réelle, mais, spirituellement, ils semblent vite le moteur de grandes édifications religieuses (le gnostique en diable culte de la déesse Zoun, déesse au quatrième degré, qui serait à l’origine de cette présence humaine parmi tous ces détritus) et, surtout (ne serait-ce pas l’aboutissement de la science et de la religion ?), la garantie d’une cohésion sociale toute en ferveur.
Bientôt, les croyances et les acquis techniques se mêlent et vient l’heure d’aller plus loin, de s’élancer vers l’infini et au-delà.
L’exotisme du film (on voit quand même nos deux humains batifoler sur des talus de plastique sec dans un décors typiquement méditerranéen) est prolongé par une certaine exogénéité : la plupart des dialogues du film sont chantés, très adroitement mis en musique sur des instrumentaux, probablement élaborés eux-mêmes sur des captures sonores échantillonnées in situ (ça fait « crouiic, chnuk-chnuk-chnuk », pas de doute, la musique est née d’une rencontre entre l’océan de poubelles et un ordinateur), comme si Einsturzende Neubauten avait écrit le livret d’une comédie musicale dans une déchetterie au large de la Grèce.
On raconte en chantant, on salue la physique élémentaire en psalmodiant et, à l’occasion, le temps se suspend, se contorsionne ou s’arrête avec la musique, la prière ou la méditation.. Ou s’allonge aussi (« j’en ai maaaarre »). Le gros projet de nettoyage procède donc plus du religieux, ou au moins de l’exaltation spirituelle, que du militaire ou d’une croyance industrielle en l’absence de perte.
Les costumes qui défilent et qu’enfilent deux lutins vont dans ce sens. Sous tout ce grand soleil, le vêtement sert davantage à signifier qu’à protéger.
L’assemblage, l’ajourage, le privilège, la figure colorée (un peu comme dans une cour d’école ou pourquoi pas dans nos vraies vies) habillent non pas dans un rapport fonctionnel au geste ou à la protection, mais plutôt dans une espèce d’épiphanie plastique (ça me pendait au nez) de la conviction : la réjouissance d’être là, de s’en faire une bonne raison. Les accoutrements fleurissent au mépris de tout objectif comptable, de toute obligation de résultat, en rigolant de toute leur pratique ludique au nez de toute rigueur survivaliste. Chanter, danser, se colorier, s’augmenter, exalter, voire faire sans (les chaussures Taka). Il fallait oser !
D’ailleurs, plus décomplexé encore s’opère le rapport entre la technologie déployée pour cadrer, photographier et mettre en scène l’investissement de l’espace (la matérialité de l’image semble être celle d’un documentaire à gros budget, ou d’un épisode de télé-réalité de haute-voltige) et la trivialité du sujet : dans des images superbes, nos amis fouillent le sable pour extirper des sandales en plastique du sol qui n’arrive pas à les digérer.
Ce vertige entre haute-définition et esthétique du rebut n’a pas d’ailleurs été sans me faire un peu peur ; je craignais que je ne sais quelle vipère ou araignée surmortelle ou scolopendre ou scorpion ne se trouve dans les poignées de cochonneries que les alchimistes brandissent à pleines mains, mais il n’en a rien été. Les ordures sont restées sèches de toute vermine, comme nettoyées par la chaleur, le soleil et le vent, de tout danger biologique pour être simplement « là », trop au présent. Je me demande si cette absence de tiers prédateur est due à un oubli ou juste un soin, un soin délicat de ne pas dissoudre le propos dans l’abîme de considérations organiques, comme lorsque les personnages de western ne sont jamais vus aller aux toilettes.
Et donc les seuls dangers que nos êtres en devenir ont guetté, les voici : se demander que faire de tout ce bazar, ne pas perdre espoir, et enfin localiser la source.
N’est-ce pas plus important que quelques piqûres de scolopendre ?
Mhhh… »
 
Jonn Toad
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