TU ME MONTRES LES CONTINENTS, JE VOIS LES ÎLES

VERNISSAGE

Jeudi 13 juillet à partir de 18h30 

Partner

Une proposition de Julie Crenn

You show me continents
I see the islands
You count the centuries, I blink my eyes
Hawks and sparrows race in my waters
Bjork – Oceania (2004)

En résonance avec l’exposition Astèr Aterlà présentée au CCC OD à Tours, les artistes réunionnais.es installent conjointement leurs oeuvres au Transpalette à Bourges (Brandon Gercara) et au Château d’eau-Château d’art où Esther Hoareau et Thierry Cheyrol présentent le vivant à l’œuvre ou l’œuvre du vivant. D’une nano échelle à une échelle cosmique, les deux artistes nous invitent à une plongée dans un espace dénué de bornes spatiales et temporelles. Esther Hoareau (née en 1976, vit et travaille à La Réunion) allie la création visuelle et la création sonore au profit d’une recherche plastique où le vivant est transformé dans ses réalités. A Bourges, elle présente une sélection d’œuvres vidéo réalisées entre La Réunion et l’Islande. D’une île vers une autre, l’artiste hybride les territoires, les ciels, les flores et les roches. Thierry Cheyrol (né en 1972, vit et travaille à Marseille) dessine des organismes réels ou imaginaires à partir d’imagerie médicale qu’il prolonge de ses intuitions et de son savoir scientifique. Il a publié plusieurs romans graphiques au sein desquels les dessins racontent par exemple l’histoire et l’évolution de la Terre (Gaia, 2019). Conscient.es d’appartenir à un vivant infini, Esther Hoareau et Thierry Cheyrol sont motivé.es par sa constante métamorphose et par la puissance science-fictionnelle de ses pouvoirs illimités. 

Ielles forment des éléments de récits science-fictionnels à partir de matières ancestrales : impalpables, sublimes et invisibles. Nous naviguons entre des habitats cellulaires qui racontent les origines de toutes les formes de vie, dessinés par Thierry Cheyrol, et les hybridations de territoires filmées par Esther Hoareau. D’une amibe à une constellation stellaire, les œuvres ouvrent les champs des possibles. La part de sublime au sein de leurs œuvres fait écho à l’immensité, à la multitude, à une échelle qui dépasse amplement l’existence humaine. Avec la conscience de faire partie d’un tout dans une durée furtive à l’échelle du vivant, les deux artistes investissent des zones de dépassement pour formuler des hypothèses, développer des paysages inédits et penser d’une manière aussi poétique que sensible nos liens profonds avec le milieu terrien. 

“L’essence du vivant est une mémoire, la préservation physique du passé dans le présent. En se reproduisant, les formes de vie relient le passé au présent et enregistrent des messages pour l’avenir.” Esther Hoareau et Thierry Cheyrol étirent les territoires, repoussent les bornes temporelles et annulent la notion de frontière. Ielles fabriquent des lieux fantasmagoriques à l’intérieur desquels toutes les hypothèses, tous les récits sont envisageables. Leurs pensées plastiques s’allient à l’amnésie collective à La Réunion quant au récit d’une histoire commune, aux manques, aux silences et aux impensés. La mémoire fragmentée et lacunaire forment un vaste territoire où s’épanouissent des imaginaires en débordement. Un territoire générateur de récits fondateurs, de mythes, de paysages aussi réels que irréels, d’échappées réjouissantes et salvatrices.