8. Multi-médias

Le double virtuel de l’Antre Peaux est similaire à l’original. Le positionnement des bâtiments est identique, mais les structures témoignent d’un vieillissement indéfini, d’un futur dystopique. Le collectif d’artistes Le Nouveau Ministère de l’Agriculture est accueilli en résidence virtuelle au sein de ce lieu. 

La création de leur œuvre se fait à distance, en collaboration avec l’équipe de l’Antre Peaux. Les artistes n’étant pas familières du multimédia, du code et des logiciels d’animation, la résidence constitue en partie une appropriation de ces outils en vue de collaborations avec des personnes qualifiées. Parallèlement, le festival Monde·s Multiple·s, l’exposition Jeu de Mondes et une journée professionnelle dédiée aux NFT habitent l’espace physique de la friche et ses alentours.

Un terrain de jeu collectif et des explorations immersives dans des mondes virtuels 

Jeu de mondes est une oeuvre d’art collaborative entièrement réalisée en réalité virtuelle, imaginée par le groupe Hall Noir, composé d’une nouvelle génération d’artistes, de codeurs, d’étudiant•es et d’ingénieurs. Grâce à des équipements technologiques de réalité virtuelle, ils ont exploré ce que Gaston Bachelard appelait la poétique de l’espace ou la poétique de la rêverie, et ont élaboré une forme de réalité expérimentale : la réalité superposée pour entrer pleinement à l’intérieur des visions poétiques. 

Description de l’oeuvre :

« Jeu de mondes » est une oeuvre d’art collective en réalité virtuelle conçue et développée par David Legrand, Léo Sallanon et Cédric Massart, en collaboration avec une nouvelle génération d’artistes 3D, développeurs, codeurs, ingénieurs et étudiants, tous rassemblés au sein du groupe Hall Noir. 

Elle se compose de neuf mondes virtuels accessibles à partir de trois univers communs, chacun étant virtuellement déployé sur un niveau différent dans un espace ou bâtiment réel : 

La navigation entre ces univers à étages est possible grâce à des téléporteurs situés sur le parcours. Nous appelons cela une réalité superposée, où le monde de l’imagination est superposé au monde réel, permettant aux spectateurs de découvrir une multitude de mondes qui proviennent de visions poétiques. 

Afin de vivre pleinement l’oeuvre et de profiter d’une expérience interactive en groupe, un dispositif d’exposition en réalité superposée a été spécialement conçu. Il permet d’accueillir jusqu’à trois joueurs équipés de casques Oculus Quest 2 et de la technologie Oculus Air Link (qui ne nécessite aucun câble), ainsi que de casques audio binauraux pour avoir accès à un son spatialisé. Grâce à cette technologie, les joueurs peuvent se déplacer physiquement à l’intérieur de l’oeuvre, créant ainsi l’illusion d’un territoire infini ou d’une étendue sans fin. 

Les visiteurs et visiteuses d’expositions en réalité superposée, sont accueillis par des médiateurs et médiatrices qui les équipent de casques VR audio 360° munis de deux manettes pour pénétrer dans des mondes virtuels. Avec des airs de cosmonautes, ils vont découvrir une réalité alternative, visiter des mondes parallèle, traverser des substances, où la circulation dans l’espace virtuel est la même que dans l’espace réel. En permettant aux utilisateurs des casques de se déplacer physiquement dans la virtualité, l’immersion est totale. 

En VR, des malaises ou sensations de malaise peuvent être provoqués par la désynchronisation du mouvement dans l’espace virtuel et l’espace réel (téléportation, travelling accéléré). 

Ici, la parfaite superposition entre espace réel et virtuel supprime ce problème. Il est même possible de jouer avec la superposition pour permettre aux joueurs de s’asseoir sur une chaise, de se coucher sur un lit, de courir ou de réaliser de grands mouvements. 

Ainsi, nous pouvons devenir de véritables explorateurs de mondes qui n’existent que pour nous, à l’intérieur desquels nous sommes libres de nos mouvements. 

En multijoueur, nous nous sentons comme un groupe déambulant dans un rêve commun. 

Le principe de fonctionnement 

La réalité superposée est né d’un détournement des casques Oculus : normalement, ils obligent les utilisateurs à définir une zone de jeu d’au maximum 6 mètres sur 6. En supprimant cette limite, il est possible de se promener en VR dans une zone potentiellement infinie. 

Pour pouvoir en profiter, il faut reconstruire dans la réalité virtuelle les contraintes physiques du monde réel, c’est-à-dire que les portes, les murs, les changements de dénivelés, etc., doivent être présents dans le monde numérique. 

Pour pouvoir synchroniser le monde virtuel avec l’espace réel, un casque VR Oculus Quest et un socle sont le minimum requis. Le socle est une contre-forme du casque qui sera ancrée au sol en une position et un angle précis. Ce dernier est le plus important car un décalage d’un degré peut provoquer des différences de plusieurs dizaines de centimètres entre les objets et leurs correspondants numériques.

Reportage sur l’exposition JEU DE MONDES

Savings of digital creation

Dans les économies et écologies actuelles de la création numérique, quels peuvent être les usages des métavers et NFT ?

# CULTURE PRO

L’Ensa Bourges est lauréate de l’AMI (Appel à Manifestation d’Interêt) Culture Pro 2021 « soutien à la professionnalisation et à la valorisation des jeunes diplômé·e·s des établissements supérieurs culture » par la Délégation  générale  à  la transmission,  aux  territoires  et  à  la  démocratie du MINISTÈRE  DE  LA CULTURE. 

Pour accomplir ce programme d’accompagnement  de ses  jeunes  artistes  diplômé·e·s, l’Ensa Bourges s’est associée à l’Antre Peaux pour organiser :

– des séances de conseils et d’orientation pour les jeunes artistes

– une liste alumni de diffusion d’informations professionnelles

– la production de ressources utiles : urlz.fr/hTFo

– l’accompagnement d’un groupe de jeunes artistes pour leur première exposition, qui prend place dans le programme Bourges Contemporain : « À tâtons les pieds dans le plat » – Exposition collective avec Flora Jamar, Sarah Jacquin, Anna Ponchon, Romane Vieira (collectif Coop Moh) et Jordan Roger à la Transversale, Lycée Alain-Fournier

– deux journées professionnelles

À cette occasion a été créé un padlet évolutif et collaboratif de ressources utiles pour jeunes artistes : urlz.fr/hTFo

Compte-rendu du séminaire du 2 juin 2022 au Haïdouc – Antre Peaux

Notions clefs de la journée

• Le basculement d’un art numérique où les artistes utilisent Internet et ses outils dans le but de questionner ces technologies, à des formes de création induites pas l’usage des NFT, davantage basées sur une logique capitaliste

• L’intérêt de concevoir des métavers comme espaces alternatifs et engagés de « faire ensemble »

• Le rapport à la propriété dans le numérique comme révélateur/perturbateur de l’évolution des rapports entre les personnes dans les sociétés 

• La difficulté de l’art numérique à affirmer sa place dans le monde de l’art contemporain

Lexique

Métavers : Univers numérique et connecté accessible avec le matériel adéquat, dans lequel les utilisateur·rice·s réalisent des actions en incarnant des avatars.

NFT : Non-fungible token, ou jeton non-fongible (unique et non interchangeable) en français, désigne un fichier numérique auquel un certificat d’authenticité numérique a été attaché. Un NFT est un jeton cryptographique stocké sur une blockchain. Le fichier numérique seul est fongible, qu’il s’agisse d’une photo, d’une vidéo ou autre, mais le NFT associé ne l’est pas.

Token : Dans l’écosystème blockchain, on appelle token, ou jeton numérique en français, tout actif transférable numériquement entre deux personnes. La forme de token la plus répandue est celle de la monnaie virtuelle.

Blockchain : La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Elle constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateur·rice·s depuis sa création, sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différent·e·s utilisateur·rice·s, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun·e de vérifier la validité de la chaîne. D’ordinaire, lorsque l’on envoie un fichier numérique, une copie est conservée chez le·a destinataire. Avec la blockchain, il est possible de faire transiter un actif numérique vers un·e bénéficiaire tout en s’assurant que l’émetteur·rice ne le possède plus.

IPFS : Inter Planetary File System est un protocole pair-à-pair dont le but est de décentraliser Internet pour que le partage des ressources ne soit plus effectué par les serveurs d’entreprises, mais par « morceaux » par tou·te·s les utilisateur·rice·s sous forme d’identifiants, permettant ainsi de ne jamais avoir de doublons. Il est particulièrement intéressant pour un NFT d’être décentralisé puisque sa valeur vient précisément de son aspect unique. Ainsi, stocker les métadonnées de son NFT sur IPFS garantit son immutabilité.

Pair-à-pair : De l’anglais peer-to-peer (P2P), le pair-à-pair désigne un modèle d’échange en réseau où chaque entité est à la fois client·e et serveur, contrairement au modèle client·e-serveur. Il permet à plusieurs ordinateurs de communiquer via un réseau et de partager des objets sans passer par un serveur.

Métadonnée : Pouvant être définie comme la carte d’identité d’un document, une métadonnée est une donnée servant à définir ou décrire une autre donnée.

Software : Logiciel ou tout autre programme interne d’un ordinateur qui concerne l’aspect dématérialisé et rationnel de l’informatique.

Hardware : Partie physique de l’ordinateur, c’est-à-dire les pièces et les équipements qui le font fonctionner.

Résumé de la journée

Quels sont les enjeux actuels de la création numérique et que dit-elle de notre rapport au monde et aux individus ? Cette journée en propose une rétrospective puis une présentation de différents projets mettant en exergue les possibles usages du numérique, des métavers ou encore des NFT dans la création contemporaine.

Pierre-Yves Desaive est issu d’une formation en histoire de l’art puis d’informatique appliquée aux sciences humaines. Il est aujourd’hui conservateur pour l’art contemporain aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique et enseignant à l’école nationale supérieure des arts visuels de La Cambre (ENSAV). Sa présentation constitue un panorama de la création depuis l’essor d’Internet et l’arrivée de la blockchain, technologies alors utilisées et détournées de leurs usages premiers par les artistes.

Ensuite, une table-ronde animée par Isabelle Arvers, curatrice, critique et autrice pionnière dans le domaine du game art en France, donne la parole à différent·e·s artistes. Chloé Desmoineaux, artiste et curatrice de jeux vidéos, présente le Fluid Sapce, un espace trans et technoféministe de rencontre, de jeu, d’expérimentation et de hacking. David Legrand, artiste et co-fondateur de l’atelier d’expérimentation des arts collectifs Hall Noir, aborde l’exposition « Jeu de mondes » organisé par le groupe au Château d’eau en 2021. Lionel Broye et Léon Denise représentent le projet cyber-cave de l’ESAD d’Orléans, visant à construire un espace de collaboration numérique dans l’esprit des métavers, à destination d’artistes.

Félix Stadler, professeur de culture numérique et de théorie des réseaux à la Haute école des arts de Zurich, développe ensuite la notion de « propriété partagée » sur l’Internet d’il y a dix ans, aujourd’hui transformée en « objets individuels » dans le contexte d’une société capitaliste grandissante.

Enfin, Gauthier Vernier présente le parcours du collectif Obvious, dont il fait partie, en tant que groupe d’amis devenu collectif d’artistes NFT reconnus. Tous trois travaillent à partir d’algorithmes et ont ainsi recours à l’intelligence artificielle pour créer des œuvres par lesquelles ils partagent leur vision de l’IA et de sa mise en œuvre dans notre société.

Sommaire

I. Pierre-Yves Desaive, Du Net.art à l’art NFT ? Émergence d’une culture critique du phénomène crypto.

Dès l’arrivée d’Internet, les artistes s’emparent des outils numériques pour questionner leur rôle et leur omniprésence. Les œuvres qui en émergent portent en elles une dimension activiste et critique vis-à-vis des réseaux. Si l’on remarque aujourd’hui que le Net.art et les NFT semblent essentiellement liés à la spéculation, certain·e·s artistes continuent malgré tout de proposer des œuvres s’intéressant à la portée sociale de la blockchain.

II. Table ronde : Quelques économies collectives de la création numérique avec Chloé Desmoineaux, David Legrand, Lionel Broye et Léon Denise, modérée par Isabelle Arvers.

Les différents projets présentés proposent une vision des métavers et des outils de création numériques comme des lieux permettant la rencontre, les échanges de savoirs et l’expérimentation, entre personnes issues de différents milieux, secteurs professionnels et générations. Par ce type d’initiatives, le numérique peut aussi être une porte d’entrée vers une économie de l’art fondée sur une économie des désirs plutôt que sur une économie des projets. 

III. Felix Stadler, Des communs aux NFT : Objets numériques et imagination radicale.

Depuis les cinquante dernières années, plusieurs conceptions des objets numériques s’opposent. Tout une partie de la culture Internet s’empare de ces outils comme moyens de collaboration sans considération économique ou de propriété. En revanche, une autre part voit en ces moyens l’opportunité d’y capitaliser, concevant ainsi des rapports humains de créateur·rice·s à utilisateur·rice·s, de vendeur·euse·s à acheteur·euse·s.

IV. Invitation du collectif Obvious

À partir d’algorithmes piochant dans des banques d’images, Obvious crée de toutes nouvelles œuvres numériques, commercialisées en tant que NFT depuis 2018. Prenant le contre-pied des interventions précédentes, le collectif est optimiste quand à l’usage des NFT, croit en leur pérennité et en celle des cryptomonnaies. 

Compte-rendu

I. Pierre-Yves Desaive, Du Net.art à l’art NFT ? Émergence d’une culture critique du phénomène crypto.

> Les débuts du Net.art

Si les artistes exploitent les technologies numériques depuis les années 60, l’avènement d’Internet dans les années 90 a permis l’émergence de formes artistiques spécifiques. Regroupées sous le nom de Net.art, ce dernier qualifie toutes les pratiques artistiques ayant trait au réseau. Dès l’arrivée d’Internet, les artistes s’en emparent pour en faire un outil artistique à part entière.

Heath Bunting, Visitor’s Guide to London, http://www.irational.org/heath/london/front.html, 1995.

Heath Bunting (Angleterre 1966) met en place une visite aléatoire et interactive de Londres, à travers des images granuleuses en noir et blanc. Lorsque l’utilisateur·rice clique à un endroit de l’œuvre, iel se voit redirigé·e sur une autre des pages qui la constituent. Les hyperliens, utilisés dans le langage de balisage HTLM, deviennent ainsi un moyen de déplacement au sein de l’œuvre. Visitor’s Guide to London est une première forme de révolution artistique du numérique, avec un usage non fonctionnel d’Internet.

En 1997, la documenta X sous la direction artistique de Catherine David (France, 1949) se déroule au moment de l’explosion d’Internet et propose de déployer cette technologie naissante en invitant des artistes du Net.art. Paradoxalement, leurs œuvres sont exposées séparément du reste de la documenta et déconnectées d’Internet pour fonctionner sur un réseau local. Bien que cette édition représente une tentative significative de représenter les activités sociales et politiques des artistes travaillant dans et autour d’Internet dans le cadre plus large du discours de l’art contemporain, la notion « d’art en ligne » suscite encore quelques désaccords.

Au sein même des artistes, on distingue deux grands types d’approches. Jodi, collectif formé de Joan Heemskerk (Pays-Bas, 1968) et Dirk Paesmans (Belgique, 1965), utilise les technologies pour en révéler les structures et les idéologies cachées à travers une esthétique anxiogène (http://wwwwwwwww.jodi.org/). Ici, il s’agit de s’emparer d’Internet pour le questionner. Aussi, Matt Mulican (Etats-Unis, 1951) voit Internet comme la possibilité de déployer une nouvelle facette de pratique artistique, qui était alors déjà basée sur des additions et couleurs. Dans ce second cas, l’enjeu est d’utiliser Internet pour le développer. Une scène dynamique se développe progressivement à l’international, comme en témoigne l’organisation Ars Electronica basée à Linz, en Autriche qui se consacre depuis 1979 à la promotion de la création numérique. Tout d’abord sous la forme d’une Biennale, le festival a lieu tous les ans depuis 1986 et est le plus important sur la scène internationale en terme d’art numérique.

> Engagements

Dès ses débuts, l’art numérique porte une dimension activiste et critique vis à vis des réseaux. Lorsqu’à la fin de la documenta X, les sites sont retirés du réseau pour être mis sur CD et vendus,  Vuk Ćosić (Serbie, 1966) décide de cloner le site et de le mettre en ligne sur son propre serveur. En parallèle, il diffuse un communiqué de presse fallacieux où il attribue la responsabilité de cet acte à un hacker d’Europe de l’Est. Il s’agit là du tout premier geste de hacking artistique. Cette copie témoigne des difficultés d’adaptation des processus informels du Net.art à un contexte institutionnel.

La même année, l’artiste Cornellia Sollfrank, (Allemagne, 1960), connue pour son engagement précurseur sur l’art en ligne et le cyberféminisme, participe au concours Net.art EXTENSION sponsorisé par la Galerie der Gegenwart (Galerie d’art contemporain) de la Hamburger Kunsthalle (Musée d’art de Hambourg). Pour cela, elle soumet plus de deux-cents candidatures fictives d’artistes femmes, créant à chacune un nom, une adresse mail, un numéro de téléphone ainsi qu’un exemple d’oeuvre originale de Net.art. Malgré le nombre disproportionné de candidatures féminines, seuls des artistes hommes sont retenus pour la finale. Suite à la parution de ce résultat, Sollfrank rend publique sa combine sous la forme d’une œuvre intitulée Female Extension (https://sites.rhizome.org/anthology/female-extension.html). Il s’agit là encore d’un geste de hacking artistique visant à attaquer l’institution. Ce type d’action témoigne de la dimension féministe également présente dès les origines du Net.art.

En 1999, la multinationale de jouets e.Toys attaque en justice Etoy, un collectif d’artistes, n’ayant pas voulu lui céder son nom de domaine, jugé trop proche du leur. Lors du procès, la justice américaine donne raison à e.Toys. C’est alors qu’est lancée la « Toy war », comme acte de résistance contre e.Toys, où la toute communauté proche du collectif Etoy se connecte en même temps sur le site d’e.Toys, pendant la période de Noël, pour bloquer ses serveurs et l’empêcher de réaliser ses ventes les plus importantes de l’année. Finalement, e.Toys cède et Etoy conserve son nom de domaine, remportant la Toy war. Cet action illustre la manière dont des utilisateur·rice·s peuvent se mobiliser ensemble contre des formes d’autorité pour défendre leurs idées.

Cf. Julian Stallabrass, Internet Art. The Online Clash of Culture and Commerce, Tate Publishing, Londres, 2003.

En juin 2001, à l’occasion de la 49e édition de la Biennale d’art de Venise, Eva Mattes (Italie, 1976) et Franco Mattes (Italie, 1976) conçoivent Biennale.py (https://0100101110101101.org/biennale-py/), en collaboration avec le collectif de hackers epidemiC. La nuit précédant les journées d’ouverture, iels lancent un virus informatique que se répand rapidement à l’échelle mondiale : Biennale.py. Il est possible de lire le code source de Biennale.py et tester son fonctionnement sur des ordinateurs infectés. Des milliers de t-shirts, portant le code source du programme, sont également distribués et vendus : Biennale.py se propage non seulement par les machines mais, comme c’est le cas pour les virus biologiques, par les corps humains. L’œuvre témoigne d’une volonté de l’art numérique de contaminer et s’infiltrer dans le monde de l’art contemporain. Mais, malgré ces diverses propositions, le Net.art n’a jamais été considéré de manière totalement légitime dans cette sphère.

> Post-Internet

En 2008, Régine Debatty (Belgique) publie sur son blog une interview avec Marisa Olson (Allemagne,1977), artiste, écrivaine et commissaire d’exposition (https://we-make-money-not-art.com/how_does_one_become_marisa/). Elle y développe la notion de « post-internet », marquant un certain changement de perception et une désacralisation d’Internet qui opère au cours des années 2000. En 2018, l’exposition « I Was Raised on the Internet » au Musée d’Art contemporain de Chicago dresse une perspective historique des changements de perception du monde provoqués par l’arrivée d’Internet, depuis 1988. Les façons d’interagir ensemble se voient bousculées par la nature connectée des appareils de télécommunications sur Internet, y compris les applications mobiles, les réseaux sociaux et les grands moteurs de recherche qui sont devenus des outils quotidiens. L’exposition soutient ainsi le point de vue selon lequel Internet est devenu un médium comme un autre et que se revendiquer net artiste aujourd’hui n’a plus la même valeur qu’il y a trente ans par les précurseur·euse·s. D’autres expositions voient progressivement le jour sur les nouveaux rapports au monde, entre les personnes et sur les changements d’économie induits par Internet, comme « Le Supermarché des images » au Jeu de Paume en 2020 et « Algotaylorism » la même année à la Khuntsalle de Mulhouse. On peut également noter l’exposition en ligne « Me, Family » (https://mefamily.mudam.com/) organisée par le Mudam en 2020-2021.

Olia Lialina, Self Portrait, http://olia.lialina.work/, 2018.

Olia Lialina (Russie, 1971) réalise une boucle vidéo – similaire à un gif – d’elle-même se passant la main dans les cheveux. D’apparence très simple, Self Portrait repose pourtant sur l’utilisation de trois navigateurs différents : un navigateur classique ; Tor Browser, un navigateur qui permet à  l’utilisateur·rice d’être anonyme en ligne ; et Beacker Browser, un navigateur expérimental permettant de créer et partager des sites web en pair-à-pair, c’est-à-dire directement d’un navigateur à l’autre sans besoin d’un hébergement tiers. Ce dernier se veut être un outil encourageant la décentralisation du web. L’œuvre est ainsi une réflexion en profondeur sur ce qu’est actuellement Internet, avec une prise de conscience sur le traçage en ligne et la nécessité d’envisager un futur collaboratif plutôt que basé sur une économie de la propriété. 

> L’arrivée des œuvres NFT

Alors que le marché de l’art contemporain est en pleine croissance, les net artistes n’ont pas encore de moyen de vendre leurs travaux et restent à la marge de cette économie. En 2014, Michael Green (Etats-Unis) met en vente Balloon Dog Deflated pour 5 800 $, un gif animé en référence à une œuvre de Jeff Koons vendue à 58 millions de dollars. En 2021, une vente chez la maison Christie’s d’un NFT de Beeple (Mike Winckelmann, Etats-Unis, 1981) pour 42,329 ETH, (équivalant à 60 millions de dollars au moment de la vente), marque le début de l’intérêt pour l’économie de l’art numérique. La vente d’un NFT revient à la vente d’un token. Il est possible pour n’importe qui de télécharger l’œuvre, mais seulement la personne qui en possède le token détient  le certificat avec le code d’accès et est capable de le déplacer sur la blockchain. L’arrivée des NFT rebat ainsi les cartes des notions de propriété et d’économie de l’art, avec des œuvres duplicables à l’infini.

En 2014, l’artiste new-yorkais Kevin McCoy et le codeur informatique Anil Nash ont collaboré pour créer et mettre en vente pour la première fois un NFT à l’occasion de la conférence « Seven on Seven » au New Museum de New York. Intitulé Quantum, il s’agit d’une animation en forme d’octogone pixelisé qui change de couleur. En juin 2021, ce même NFT s’est vendu pour 1,4 million de dollars. La volonté initiale des deux artistes était de permettre aux artistes du numérique de percevoir de l’argent pour leur travail, tout en gardant le plein contrôle de leur activité. Ils sont aujourd’hui très critiques sur la situation actuelle des NFT, leur économie et leur éthique.

Certain·e·s artistes développent en parallèle des œuvres NFT engagées, nées de véritables réflexions artistiques. En 2009, Rafael Rozendaal (Pays-Bas, 1980) propose une version animée d’une toile de Mondrian (http://www.electricboogiewoogie.com/). Il est possible de voir les noms des différent·e·s collectionneur·euse·s qui se sont succédé et ces dernier·e·s ont pour obligation de laisser l’œuvre accessible en ligne. Is Art (2014) de Rhea Meyers (Angleterre, 1973) est une œuvre affichant le message « This contract is art », pouvant être modifié en « This contract is not art » par la personne qui la possède, proposant ainsi une réflexion sur ce qu’est un NFT (https://rhea.art/is-art). Toujours dans l’idée d’imposer une contrainte aux collectionneur·euse·s pour servir le propos de l’œuvre, Jonas Lund (Suède, 1984) crée le NFT Smart Burn Contract (2021) qui s’autodétruit si la personne qui le possède ne reverse pas « once a year in perpetuty » (traduction : une fois par an, à perpétuité) 5 % se ses revenus à une œuvre de charité (https://jonaslund.com/works/smart-burn-contract/). Avec Bloemenveiling (2019) d’Anna Ridler (Angleterre, 1985), l’œuvre devient inutilisable au bout d’une semaine (https://bloemenveiling.bid/). Pour que la tulipe qui s’y trouve continue d’exister, la seule solution est de ne jamais plus se connecter à l’œuvre. Ainsi, le·a collectionneur·euse doit accepter de renoncer à son œuvre pour la beauté de l’idée qu’elle puisse continuer d’exister sans elle·lui. Ce type de démarche marque une prise de conscience sur l’économie du crypto art et des NFT. Sarah Friend (Canada) développe également l’idée d’œuvres temporaires, avec Lifeforms (2022), qui disparaît au bout de quatre‑vingt-dix jours de possession. Le seul moyen de la faire perdurer est de la céder à un·e autre collectionneur·euse avant cette échéance (https://lifeforms.supply).

II. Table ronde : Quelques économies collectives de la création numérique avec Chloé Desmoineaux, David Legrand, Lionel Broye et Léon Denise, modérée par Isabelle Arvers.

> Chloé Desmoineaux

Site du projet FluidSpace : https://chloedesmoineaux.surf/FluidSpace

Chloé Desmoineaux a créé le Fluid Space, un espace trans et technoféministe de rencontre, de jeu, d’expérimentation et de hacking situé dans les locaux d’Artagon à Marseille. Le projet n’en est encore qu’à ses débuts, mais l’objectif est de générer un lieu pour les femmes et personnes dissidentes de genre, s’échappant de tout ce qui a pu être enseigné en école d’art. L’objectif est de pouvoir organiser des rencontres régulières pour  discuter du rapport aux technologies, échanger des savoirs, apprendre et expérimenter ensemble sans avoir peur de se tromper, de manière horizontale, sans postures d’apprenant·e·s ou d’enseignant·e·s. Le fait qu’Internet soit un médium comme un autre n’est pas encore quelque chose d’évident voir d’accepté dans les écoles d’art, d’où l’importance de ce genre de projets.

En parallèle, Chloé Desmoineaux est en résidence virtuelle à Antre Peaux  pour développer un projet autour de la contagion comme mode de communication. Une partie du budget de production a été alloué à l’achat de cours en ligne pour lui apprendre à utiliser des logiciels. Pour l’instant, il est possible de visionner une vidéo de l’artiste Léa Nugue, qui a reproduit la friche dans un monde post‑apocalyptique (https://antrepeaux.net/ressources/la-friche-culturelle-antre-peaux-en-3d/). Le projet prendra une forme 3D et ne sera pas présenté en réalité virtuelle. Pour Chloé Desmoineaux, il y a une véritable questionnabilité de la VR, du metaverse et des NFT dans le contexte écologique actuel, ainsi que des considérations éthiques à prendre en compte.

> David Legrand

Document ressource de l’exposition « Jeu de Mondes » : https://antrepeaux.net/ressources/jeu-de-mondes/

Vidéo de l’exposition : https://vimeo.com/658340369 

Pour David Legrand, le numérique peut être un moyen de contestation de la figure de l’artiste moderne. Avec cet outil, il est possible de créer des œuvres en groupe, proposant ainsi une alternative aux modes de création classiques pour privilégier les projets collectifs en cultivant les différentes manières de faire et de savoir. Le numérique peut aussi être une porte d’entrée pour se rapprocher d’une économie de l’art fondée sur une économie des désirs plutôt qu’une économie des projets.

À l’occasion des Rencontres Internationales Monde-s Multiple-s du 19 novembre au 5 décembre 2021 est présentée au Château d’eau de Bourges l’exposition « Jeu de monde ». Celle-ci est organisée par le groupe Hall Noir, co-fondé par David Legrand. Il s’agit d’une exposition en réalité virtuelle transformant le Château d’eau en bâtiment à ciel ouvert, où les murs sont remplacés par des fluides. L’objectif est de transmuter des œuvres dans un espace numérique.

> Lionel Broye

Site du projet cyber_cave : https://cybercave.esadorleans.fr/

Avec le projet cyber_cave de l’ESAD d’Orléans, présenté par Lionel Broye, l’enjeu est de produire un « métavers from scratch » en reprenant tout un imaginaire numérique développé dans les années 90, aujourd’hui atteint, acquis, voire dépassé. Il s’agit de quelque chose qui a déjà pu être expérimenté avec Google Workspace ou les utilisateur·rice·s sont représenté·e·s par des avatars de cartoon aux expressions joyeuses et ne possédant pas de bas du corps. Ce tiers-lieu est à envisager comme un endroit de collaboration où il est possible de se retrouver à plusieurs à distance et d’y initier des créations artistiques.

Le projet commence par la construction des ordinateurs de chaque membre en visio, alors qu’iels n’ont pas forcément de connaissances dans ce domaine. En résultent alors certaines erreurs au niveau du matériel acheté et du temps de travail estimé : les heures de développement ont été beaucoup plus importantes que prévu. Après avoir essayé de créer leurs avatars avec des scanners 3D très coûteux qui ne correspondaient pas réellement aux attentes, iels ont finalement utilisé des squelettes d’animation déjà disponibles. Cependant, il est à noter que les avatars pré-créés sont majoritairement masculins et les personnages féminins sont très stéréotypés. 

> Léon Denise

Site de Cookie Collective : https://cookie.paris/all/ 

Dernier arrivant du projet cyber_cave, Léon Denise est invité à s’inscrire dans le projet pour coder des effets spéciaux. Il travaille alors dans une galerie mise à disposition dans le métavers ainsi créé pour le développement et la modélisation 3D. Il se considère davantage comme un artisan plutôt qu’un artiste, produisant de la matière à partir de laquelle l’art peut émerger de lui-même.

Il s’investit par ailleurs dans le Cookie Collective Fanzine, qui produit un fanzine comme espace de collaboration entre les différent·e·s membres du collectif. Tou·te·s sont des programmateur·rice·s non-issues des écoles d’art, ne possédant donc pas tout ce bagage culturel. L’enjeu est d’aborder des sujets gravitant autour de l’art de la programmation, l’art du bug et de la culture demoscene de manière générale. L’édition existe en version numérique gratuite et en version papier vendue à prix libre et dont les revenus servent à financer le fanzine et l’organisation des événements du Cookie Collective.

III. Felix Stadler, Des communs aux NFT : Objets numériques et imagination radicale

> Capitalisation du numérique

Les trente à cinquante dernières années de culture numérique ont grandement influencé la notion de propriété. Au-delà d’un aspect économique, cette dernière est aussi sociétale puisque significative de la manière dont sont imaginées et souhaitées les relations entre les personnes dans le monde.

Lorsque voient le jour les tous premiers ordinateurs en 1950, software et hardware ne sont pas encore pensés comme étant séparables. En 1975, Bill Gates publie « An Open Lettre to Hobbyists » (traduction : Lettre ouverte aux hobbyistes), lettre dans laquelle il explique pourquoi, selon lui, les software pourraient être séparés des hardware et vendus pour ce qu’ils sont. Dès lors, transférer un logiciel à un·e autre utilisateur·rice n’est plus un partage, mais un vol de propriété, symbolisée par le droit d’auteur. Afin de renforcer cette propriété, l’objectif devient de renforcer le contrôle de la circulation des programmes et des moyens de les copier et partager. On distingue alors les producteur·rice·s des utilisateur·rice·s, lié·e·s par des échanges commerciaux.

> Modifications des rapports humains

Parallèlement, en 1980, sont développés des programmes gratuits où l’objectif n’est pas de générer du profit, mais de créer une communauté grâce à la possibilité de les copier et de les partager librement. Se rencontrent alors plusieurs visions de ce qu’est un objet digital. En 1990, le digital devient un moyen de collaboration sans aucune notion de propriété, avec l’idée sous‑jacente que ce qui peut être fait ensemble sera plus grand qu’une multitude d’entreprises individuelles. À ce moment, la création numérique a davantage d’enjeux sociaux avec la volonté de créer des liens entre les personnes, plutôt que des intérêts économiques. On peut citer le succès de Wikipédia, basé sur l’enrichissement collectif, ou encore l’émergence de la culture meme dans les années 1990 et 2000.

Avec la blockchain se développe un mouvement utopique visant à réorganiser et transformer la société grâce à la technologie. Mais les NFT sont très éloignés, voire opposés, à l’idée de communauté puisqu’ils reposent sur le principe d’une version unique d’un objet numérique, servant de support à la spéculation. Cette vision s’oppose de la même manière à la notion de libre accès. En 2021, le NFT du premier tweet de l’histoire est acheté pour 2,9 millions de dollars. Cet acte témoigne d’une volonté de se connecter à un moment historique en le possédant. L’univers numérique se transforme en un marché économique où les usager·e·s ne sont que des détenteur·euse·s, opposant l’individu créateur et le·a collectionneur·euse. Les rapports entre les personnes évoluent également en relations basées sur des échanges de bons procédés plus que de confiance et d’entraide.

> NFT et intégrité artistique

Le NFT est l’exemple parfait de la conception de la propriété dans la culture numérique : tout le monde peut télécharger l’image pour la posséder, mais seulement l’une des copies est authentifiée. Dans l’histoire de l’art, cette question de reproductibilité du médium s’est aussi posée dans le domaine de la photographie, puisqu’un cliché peut être reproduit infiniment. De la même manière, seulement certaines photos sont identifiées avec une signature, distinguant ainsi les « vraies » des « fausses » copies. Une différence relationnelle est cependant notable. Avec la photographie, le geste de signature manuscrite rapproche l’œuvre de l’artiste et donc, l’artiste du ou de la collectionneur·euse par la suite. Avec les NFT, le geste manuel est remplacé par un échange monétaire distanciel, sans aucune notion de proximité avec le·a créateur·rice.

Selon Felix Stadler, les NFT sont avant tout un moyen de convertir son argent en cryptomonnaies. Les frais pris par les maisons de vente attirent l’attention du marché de l’art, permettant ainsi aux NFT de rentrer dans un jeu spéculatif. Il est alors légitime de se demander si la logique capitaliste ne serait pas le seul intérêt de cette dynamique, posant par la même occasion la question de l’intégrité des artistes dans leurs relations vis-à-vis des spéculateur·rice·s. Les technologies de la blockchain et des cryptomonnaies instaureraient une « idéologie de la non-confiance » entre les personnes, prônant le chacun·e pour soi et mettant en péril les relations humaines au profit des mathématiques. Au-delà de la spéculation, les NFT s’inscrivent donc dans une dimension antisociale où l’objectif serait de trouver le meilleur moyen de s’accaparer l’argent d’autrui et non plus de réfléchir en termes d’enrichissement relationnel comme aux débuts du digital. Le numérique se construit alors comme un système de proies et de prédateur·rice·s.

IV. Invitation du collectif Obvious

Le collectif est fondé en 2017 par un groupe de trois amis, dont un chercheur en intelligence artificielle. L’objectif est de créer des œuvres numérique grâce à l’utilisation d’algorithmes puisant dans des bases de données d’images connues, choisies. Ces images proviennent soit de partenariats avec des institutions, ou de banques d’images libres de droit. Puisque l’image qui sera finalement créée ne permettra pas de reconnaître celles qui ont été montrés aux algorithmes, il semble possible et légal d’utiliser à peu près toutes les images voulues.

Pour le collectif, les algorithmes sont des boîtes à outils à disposition des artistes. De plus, ils leur semblent être de bons supports de co-création, davantage qu’un médium plastique. L’un des algorithmes qu’ils utilisent analyse ces données tandis qu’un autre, grâce à ce travail en amont, crée de nouvelles images. Les algorithmes s’entraînent seuls et apprennent de leurs erreurs pour créer des nouvelles images uniques et plausibles. Conscients que l’intelligence artificielle peut être biaisée (raciste, sexiste…) et utilisée à des fins dangereuses, ils essaient de montrer qu’elle peut aussi être un bon outil, ou pas, selon les usages qui en sont faits. De même, leur démarche a pour objectif de mieux faire comprendre ce que sont les NFT et les algorithmes. 

En 2018, ils commencent à produire des NFT sur la plateforme SuperRare et sont les premiers français à y poster. Ont ainsi été créées plusieurs séries d’images : les portraits La Famille Belamy, à partir de tableaux flamands, Electric Dreams of Ukiyo à partir d’estampes japonaises ou encore Facets of Agi à partir de masques tribaux. S’appuyant sur des registres spécifiques pour chaque projet, le but du collectif est de parler de l’intelligence artificielle et de sa perception dans la société contemporaine, la mettant en parallèle avec d’autres iconographies : par exemple, avec les masques, l’IA est érigée au rang de divinité. D’autres mécanismes et manières d’utiliser les algorithmes sont aussi explorés. Dream Capsule, une série de 1000 NFT sur le thème des rêves et des cauchemars, est créée à partir d’un début de phrase indiqué à l’algorithme, que ce dernier termine puis transforme en image. Pour le projet Marianne, Obvious entreprend de créer le nouveau visage de la femme française en donnant comme banque d’images aux algorithmes les différentes photos de femmes qui leur seront envoyées, sur la base de volontariat.

Le collectif considère que les NFT et cryptomonnaies ont initialement été créés pour libérer les artistes des intermédiaires entre leur travail et les acheteur·euse·s. Mais avec les maisons de vente de NFT qui se mettent en place, cette idée initiale est en train de s’inverser et s’apparente aux mêmes mécaniques que celles du marché de l’art contemporain. L’usage actuel des NFT n’est ainsi pas forcément le bon, mais reste selon eux prometteur et ne devrait pas être mis de côté.

Que sont les petits commerces de la jeune création devenus ?
#CULTURE PRO

L’Ensa Bourges est lauréate de l’AMI (Appel à Manifestation d’Interêt) Culture Pro 2021 « soutien à la professionnalisation et à la valorisation des jeunes diplômé·e·s des établissements supérieurs culture » par la Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie du MINISTÈRE DE LA CULTURE.

Pour accomplir ce programme d’accompagnement de ses jeunes artistes diplômé·e·s, l’Ensa Bourges s’est associée à l’Antre Peaux pour organiser :
– des séances de conseils et d’orientation pour les jeunes artistes
– une liste alumni de diffusion d’informations professionnelles
– la production de ressources utiles : urlz.fr/hTFo
– l’accompagnement d’un groupe de jeunes artistes pour leur première exposition, qui prend place dans le programme Bourges Contemporain : « À tâtons les pieds dans le plat » – Exposition collective avec Flora Jamar, Sarah Jacquin, Anna Ponchon, Romane Vieira (collectif Coop Moh) et Jordan Roger à la Transversale, Lycée Alain-Fournier
– deux journées professionnelles

À cette occasion a été créé un padlet évolutif et collaboratif de ressources utiles pour jeunes artistes : urlz.fr/hTFo

Compte-rendu du séminaire du 12 mai 2022 au Nadir – Antre Peaux
Notions clefs de la journée
• Le caractère fédérateur de l’art et sa valeur sociale dans les petites et moyennes villes : investir de « nouveaux » lieux hors des métropoles permet à la fois de donner une visibilité à ces lieux, ses habitant·e·s, leur patrimoine et aux artistes réuni·e·s
• L’intérêt des initiatives associatives pour les projets artistiques et culturels
• La fragilité économique des initiatives artistiques et culturelles par manque de subventions, allocations et mobilisations d’autres acteur·rice·s économiques
• Les contraintes de lieux et de moyens peuvent devenir une force et façonner l’identité d’un projet
• L’importance du collectif et des moments de rassemblement : créer des conditions favorables au partage et à la rencontre entre les personnes est aussi une mission des lieux de création et de diffusion

Résumé de la journée
Quels sont les effets d’une présence artistique dans les villes où elle se fait moins fréquente ? L’enjeu de cette journée est d’étudier l’élargissement du spectre de la création artistique contemporaine au-delà des grands centres urbains.

Pour cela, la parole est tout d’abord donnée à Dominique Sagot-Duvauroux, économiste et professeur à l’Université d’Angers spécialisé sur les questions d’économie culturelle, du droit d’auteur et du marché de l’art contemporain. Après une présentation des différentes économies de l’art et les valeurs qui y sont liées, il propose différentes pistes de politiques publiques pouvant être mises en place afin d’améliorer les moyens économiques mis à disposition des artistes.

La conférence suivante est celle de Monique Auburtin qui, dans les années 1980, s’est investie dans la création de plusieurs galeries associatives et lieux alternatifs (notamment l’association Divergence, la galerie OEil, Avant démolition et Le Castel-Coucou). Le récit de son parcours permet de prendre contre-pied de la « jeune création » telle qu’elle peut être entendue aujourd’hui, avec l’exemple d’initiatives culturelles et artistiques d’une autre époque et pourtant similaires en plusieurs points aux propositions actuelles.

Un plateau de discussion est ensuite mis en place pour découvrir le parcours de deux associations et d’un post-master, tous trois témoignant de la dimension sociale et fédératrice des projets artistiques hors des grandes métropoles.

Claire Boitel, graphiste et céramiste, représente l’association 47-2 à Cosne-Cours-sur-Loire (58200), dont elle est la directrice. Le projet développe un lieu multifonctionnel dédié à la recherche, à la production et la diffusion de projets culturels et artistiques. Dorian Degoutte, artiste, cinéaste, photographe, représente l’association Vierzon-Cinéma à Vierzon (18100), dont il est le fondateur. Tout en vivant à Vierzon, il entreprend la réalisation de films ayant pour sujet la ville, son identité, ses habitant·e·s et leurs problématiques Enfin, Antoine Bacchman est l’un des étudiant·e·s du post-master de Design des mondes ruraux à Nontron (24300), proposé par les Arts décoratifs de Paris. Réunissant les caractéristiques d’un territoire en baisse démographique, Nontron devient un champ d’étude pour les étudiant·e·s.

Sommaire
I – Dominique Sagot-Duvauroux, La valeur de la création artistique
Souvent réduite à sa retombée économique, la valeur produite par les réalités artistiques est bien plus diversifiée. Il existe une toute autre valeur de l’art, invisible et non-rémunéré. Alors que certain·e·s artistes parviennent à vivre du marché de l’art, d’autres, beaucoup plus nombreux·euses, dépendent des appels à projets des institutions. Dès lors, il s’agit de repenser les moyens financiers mis à disposition des artistes en mobilisant de nouveaux·nouvelles acteur·rice·s économiques, notamment dans le domaine de la culture et du tourisme.

II – Monique Auburtin, Galeries associatives et lieux alternatifs
Entre Divergence, la galerie OEil, Avant démolition et le Castel-Coucou, Monique Auburtin revient sur son parcours association en tant que créatrice et directrice de lieux dédiés à la création et la diffusion de l’art contemporain à Forbach (57600). Les points communs qui réunissent ces lieux sont leur volonté d’innovation, de pouvoir offrir une visibilité aux artistes, favoriser l’ouverture à la création artistique actuelle et tisser des liens entre les populations.

III – Claire Boitel, L’association 47-2 à Cosne-Cours-sur-Loire (58200)
Fondée en 2018, l’association 47-2 prend place dans l’Imprimerie, lieu d’exposition mais aussi de résidence et d’ateliers. L’un des enjeux de l’association est de convaincre les publics que les lieux culturels ne sont pas réservés à une certaine élite. Pour cela, elle met à disposition de tou·te·s des espaces communs permettant de se retrouver et d’échanger, rendant possible la rencontre et le partage.

IV – Dorian Degoutte, L’association Vierzon-Cinéma à Vierzon (18100)
Fondée par Dorian Degoutte, l’association Vierzon-Cinéma a pour objectif de réaliser des films à Vierzon qui se trouve, comme beaucoup de villes moyennes en France, délaissée par les pouvoirs publics. Entre friches industrielles et commerces abandonnées, il s’agit d’en expérimenter le vide pour en faire un support à projets. L’art devient ainsi un moyen de mettre en valeur la ville tout en fédérant ses habitant·e·s.

V – Antoine Bacchman, Le post-master Design des mondes ruraux – Arts décoratifs de Paris à Nontron (24300)
Dans le cadre du post-master Design des mondes ruraux, huit étudiant·e·s vivent et travaillent ensemble dans une maison commune à Nontron. Tout comme à Vierzon, l’enjeu est de vivre quotidiennement le vide de Nontron et de partager la réalité des habitant·e·s. Les étudiant·e·s-artistes se trouvent alors révélateur·rice·s des problématiques de la ville et en proposent des réponses par leurs travaux.

Compte-rendu
I. Dominique Sagot-Duvauroux, La valeur de la création artistique
> Contexte
Ce qu’on nomme « valeur » peut reposer sur plusieurs principes. Le premier est économique, c’est-à-dire que la valeur dépend directement de ce que l’économie peut mesurer. Le second relève de la productivité, c’est-à-dire que la valeur se mesure par la capacité à économiser du temps pour chaque action réalisée. Le troisième principe est celui de la visibilité, d’après lequel parvenir à capter de l’attention revient à acquérir de la valeur.
Cependant, on remarque que ces définitions ne sont pas applicables à tous les domaines. Dans notre cas, la valeur artistique dépasse ce que son économie peut mesurer. Aussi, le principe de productivité, qui conçoit le temps comme un « ennemi » à amoindrir, est contradictoire pour une pluralité d’activités professionnelles où réduire le temps qui y est consacré revient à en réduire la valeur. De la même manière, certains métiers sont « invisibles » et pourtant essentiels au bon fonctionnement de la société. Enfin, ces principes sont couplés à une injonction à l’entreprenariat, mais qui ne se voit pas accompagnée d’une protection sociale adaptée.
La valeur d’existence est un concept en économie pour qualifier le souhait d’existence d’un poste, d’un bâtiment etc. C’est le cas avec les bibliothèques qui, bien que leur retombée économique soit très faible, relève d’un véritable attachement pour les habitant·e·s. Cette valeur pourrait à elle seule suffire à justifier la présence des artistes.

> Les différentes économies de l’art
L’économie du marché de l’art est incarnée par les artistes au renom international, tel·le·s que Jeff Koons, et les collections de milliardaires, comme la Fondation Pinault. Cette économie n’intéresse et ne concerne ainsi qu’une minorité de la population mondiale, mais représente ce qui émane de l’activité artistique.
L’économie de l’art dans le développement des territoires vise à voir comment l’art participe à la dynamique des villes. Il peut s’agir de la création d’un parcours artistique créé suite à la concentration de totems dans une petite ville, comme à Arles ou Bristol, bien que l’engouement territorial ne soit pas synonyme d’enrichissement pour la ville et ses habitant·e·s. Cette économie relève de l’impact économique de la création artistique dans les collectivités territoriales (tourisme, immobilier, attractivité territoriale). En effet, la « classe créative » porte aujourd’hui le développement des territoires.
Mais spontanément, les offices de tourisme ne redistribuent pas aux différent·e·s acteur·rice·s les bénéfices apportés par les évènements culturels et artistiques car elles n’en ont pas l’obligation légale. À l’inverse, il n’est pas possible de les empêcher de « profiter » de ces évènements. Il pourrait donc être intéressant d’inciter les pouvoirs publics à prendre ce type de mesure. Pour le moment, il n’existe pas d’études recensant les différentes initiatives venant de la part des artistes ou des structures pour ce type de mobilisation d’autres acteur·rice·s économiques.
Selon Nathalie Moureau et Marion Vidal, le marché de l’art contemporain en France représentait environ 450 millions d’euros en 2013, dont 90 % réalisés en galerie*. Si l’on admet que la moitié revient aux artistes, alors les revenus issus de ce marché représentent 225 millions d’euros. En 2017, on recense environ trente-cinq mille artistes plasticien·ne·s ayant touché un revenu artistique moyen de 13 000 euros soit 455 millions d’euros. Ainsi, les revenus des artistes hors du marché de l’art représentent l’équivalent de ceux retirés du marché de l’art lui-même.
* Nathalie Moureau, Dominique Sagot-Duvauroux, Marion Vidal, « Collectionneurs d’art contemporain : des acteurs méconnus de la vie artistique » dans Cultures Études, n°1, 2015.

> Typologies des profils d’artistes
Les artistes peuvent être classé·e·s en quatre catégories, selon la part d’innovation et de liberté dans la création de leurs oeuvres. Les artistes faisant partie de collectifs ou d’associations sont globalement dépendant·e·s des projets et commandes auxquels iels répondent. Leur financement est ainsi principalement d’origine institutionnelle, tout comme les artistes-artisan·e·s entrepreneur·euse·s. En revanche, ces dernier·e·s appartiennent plutôt au monde de l’art classique que de l’art contemporain. C’est également le cas des artistes de salon. Iels reçoivent des financements privés provenant des différentes galeries marchandes où iels exposent, sans passer par un système de commandes. À l’opposé se trouvent les artistes de foire, principalement rémunéré·e·s par le marché de l’art. Si les artistes faisant partie de collectifs et les artisan·e·s sont très ancré·e·s dans leur territoire, cela n’est pas le cas des artistes de salon et de foire.
> Effets induits
En 2019, les dépenses liées au tourisme représentaient 170 milliards d’euros, dont la moitié motivée par du tourisme culturel*. Si une taxe à 0,1 % était prélevée sur ces 85 milliards d’euros, cela permettrait d’offrir une allocation de 300€ par mois aux artistes pour financer leur travail de recherche, redistribuant ainsi une partie de la richesse produite. Cette aide devrait être versée de manière automatique à tou·te·s les artistes sans critère de jugement de leur travail.
* Rapport d’activité Atout France, 2019.

> Utilité sociale
L’utilité sociale d’une activité est son objectif de contribution à la cohésion sociale, à la solidarité, à la sociabilité et à l’amélioration des conditions collectives de développement humain. L’utilité sociale de la création artistique se situe donc au-delà des commandes passées par les structures et les institutions. Les artistes participent à un réenchantement des territoires en montrant aux populations qu’il est possible de « faire oeuvre » ensemble.

> Conclusion
Des manières d’améliorer les moyens économiques mis à disposition des artistes existent. Il peut s’agir d’un retour de la valeur vaporeuse dans les filières artistiques, du financement de la création par les revenus du patrimoine, ou encore la rémunération du travail de recherche des artistes, comme évoquée précédemment. Le dispositif du 1 % artistique pourrait être élargi pour permettre de créer des ateliers d’artistes dans les lieux et serait ainsi plus en adéquation avec les formes que prennent les créations contemporaines. Il s’agirait également de trouver des financements publics autres que les services culturels. Pour cela, il pourrait être intéressant de revenir sur les droits d’auteur·trice·s des artistes décédé·e·s qui, au lieu de revenir aux successeur·euse·s, pourraient permettre de constituer un fonds d’aide à la création. Il est aussi possible d’imaginer étendre le GIP Cafés Cultures* pour permettre aux cafés de financer des expositions entières, mais aussi de l’élargir à d’autres lieux tels que les hôtels. Une plus grande horizontalité des réseaux et politiques publiques serait enfin souhaitable.
* Le Groupement d’Intérêt Public (GIP) Cafés Cultures assure la gestion d’un fonds dédié au soutien de l’emploi artistique dans lieux de proximité que sont notamment les cafés, bars et restaurant, afin d’y favoriser l’offre artistique. Pour en savoir plus : gipcafescultures.fr

II. Monique Auburtin, Galeries associatives et lieux alternatifs
> L’association Divergence
L’association Divergence a été créée par Monique Auburtin, Michel Auburtin et Jean-Louis Guermann en 1976, à Metz (57000). C’est une galerie d’exposition rassemblant des plasticien·ne·s et écrivain·e·s. Le lieu rencontre un franc succès autant de la part du public que des artistes, qui ont envie d’y exposer pour le côté « différent » de Divergence. Les artistes n’y sont pas jugé·e·s sur l’esthétique de leurs oeuvres, mais sur les concepts qu’iels y déploient. La galerie tient à soutenir des projets porteurs de nouveauté, hors du commun, ce qui est un véritable défi à la sortie de mai 1968 et à la suite du mouvement artistique Supports/Surfaces. Divergence perdure jusqu’en 1983 avec très peu de moyens, fonctionnant grâce à l’énergie et l’implication des différent·e·s membres. La galerie ne demande aucune contribution financière aux artistes, se chargeant entièrement du loyer. Lorsque les artistes ont pu obtenir des subventions grâce à Jack Lang, iels sont devenu·e·s beaucoup plus exigeant·e·s, en demandant toujours davantage à la galerie.

> Galerie OEil
Après Divergence, Monique reprend la galerie OEil, ouverte par son père dans le lycée Jean Moulin à Forbach (57600) en 1970. Elle réinvestit ce local clos, qui présente de véritables contraintes pour les artistes, remembre l’équipe avec des personnes plus jeunes et invite des philosophes à y faire des soirées. C’est l’une des premières galeries présentes dans un établissement scolaire.

> Avant démolition
Toujours à Forbach, Monique investit un local mis à disposition par la ville et y invite des étudiant·e·s de trois écoles d’art, sans professeur, pour leur proposer un lieu de création et d’expérimentation. Pour tou·te·s, c’est une véritable découverte de ce qu’est un·e étudiant·e en train de travailler. Iels occupent pleinement l’espace et s’y sentent extrêmement libres, menant parfois à quelques dérives. S’iels sont arrivé·e·s avec des niveaux très différents, tous les travaux finaux sont excellents. Mais estimant que le projet devenait trop dangereux (seulement Monique pour encadrer), le maire en demande l’arrêt.

> Le Castel-Coucou
De 1999 à 2008, Monique crée le Castel-Couou, espace d’art expérimental au-dessus des locaux du service technique de Forbach : ancien appartement de 200m² entouré de terrasses. Le Castel-Coucou se définit comme un producteur d’émulsions, un montage moléculaire de différent·e·s acteur·rice·s (artistes, publics, partenaire, ville, association, région frontalière). L’accueil des artistes s’y fait sur rencontre et pas sur dossier : Monique tient à les rencontrer individuellement et seul·e·s celleux en qui elle sent une réelle ambition et une certaine confiance sont invité·e·s à poursuivre l’aventure. Chaque année est également sélectionné·e un·e artiste pour prendre en charge la charte graphique du Castel-Coucou. À chaque fin de saison est organisée une grande fête où les artistes aussi bien que les publics sont invité·e·s. Le Castel-Coucou entretient ainsi la dynamique d’un réseau invisible et jusqu’alors inexploité tout en permettant de créer du lien entre les les villes.

> Conclusion
Entre ces différents projets menés dans la même ville, Monique et ses associations couvraient l’ensemble de la scène artistique à Forbach. Aujourd’hui, ces espaces n’existent plus. Le Castel-Coucou a pendant un moment occupé une synagogue désacralisée, puis le maire n’a plus souhaité financer le projet, qui a ainsi pris fin.

III. Claire Boitel, L’association 47.2 à Cosne-Cours-sur-Loire (58200)
Site de l’association : 47-2.fr
> Présentation
Claire Boitel est artiste graphiste et céramiste. Son conjoint, Alexis de Raphélis, est réalisateur. Tou·te·s deux cherchent un endroit pour créer et donner naissance à des projets collectifs. En février 2018, iels achètent un lieu à vendre à Cosne-Cours-sur-Loire : L’Imprimerie. À ce stade primitif du projet, iels sont quatre personnes et seulement deux travaillant par ailleurs à temps plein. Mais au lieu de théoriser éternellement sur un projet et d’attendre qu’il soit « parfait » avant de le lancer, iels décident d’ores-et-déjà de monter l’association 47-2. En étant dans le « faire » et surtout le « faire ensemble », iels génèrent de l’expérience et du réel qui leur permet d’avancer et de se former tout en concrétisant leurs projets.
Aujourd’hui encore, 47-2 ne reçoit pas d’aides de la mairie ou du département. Le lieu ouvre en 2019 et obtient le soutien de la DRAC. Chaque année a lieu une sélection collective selon les envies des membres de l’association pour les artistes à inviter en résidence. L’objectif est que chacun·e puisse produire ce qu’iel souhaite, sans aucune obligation. 70 % de la vente de chaque objet revient aux artistes et les 30 % restant sont dédiés au soutien des autres projets de 47-2.

> Fonctionnement
Sur trois niveaux, l’association dispose d’un espace transformable, d’une cuisine, d’un atelier terre, d’une galerie, d’une salle de montage audiovisuel, d’un bureau collectif et d’une bibliothèque, d’une salle de bain et d’un studio à destination des artistes en résidence.
L’un des enjeux de l’association est de convaincre les publics que les lieux culturels ne sont pas réservés à une certaine élite. Pour cela, elle met à disposition de tou·te·s des espaces communs permettant de se retrouver et d’échanger, rendant possible la rencontre et le partage. C’est notamment le cas avec la cuisine, ouverte en 2021. Cet espace se veut convivial et a pour objectif de réunir habitant·e·s, membres et résident·e·s autour de repas communs. Une cantine y est ouverte les jours de marché et peuvent y être organisés des ciné-repas, des conférences cuisinées ou encore des banquets partagés.
La galerie endosse également le rôle de lieu de regroupement, exposant les travaux d’artistes en visite, vend des oeuvres réalisées sur place lors de résidences et la production des céramistes des alentours, tout en y rassemblant encore une fois des publics très diversifiés. Plus qu’une utilité artistique, le lieu est d’utilité sociale par son effet fédérateur sur le territoire.

> Conclusion
Tout en étant directrice du lieu, Claire continue d’exercer ses activités professionnelles à côté pour pouvoir se rémunérer et ne pas avoir besoin de le faire via l’association. Si tout le temps passé à 47-2 est fait en tant que bénévole, cela n’amoindrit pas pour autant sa valeur, au contraire. Il est même très important, selon Claire, de noter ses heures de bénévolat.

IV. Dorian Degoutte, L’association Vierzon-Cinéma à Vierzon (18100)
Site de l’association : vierzon-cinema.fr
> Présentation
Le projet Vierzon-Cinéma a pour objectif de créer une plateforme audiovisuelle à Vierzon, s’appuyant sur le contexte particulier de la ville. Il s’agit d’un endroit a priori délaissé par les pouvoirs publics et s’en trouvant désertifié, comme beaucoup de villes moyennes en France dont l’avenir reste incertain. Vierzon a été vidée de ses habitants, de ses industries, de ses activités et s’y trouvent nombre de friches et espaces abandonnés. Dorian s’intéresse ainsi à la question du vide dans cette ville, qui n’est pas synonyme d’absence humaine puisque Vierzon est un rassemblement de quatre villes comptant 27 000 habitant·e·s.
Dans le cadre de travaux publics, un chevalier a été retrouvé enseveli et pétrifié dans les marais de Vierzon, encore assis sur sa monture, dans le même état que lui. La route de Vierzon était pour lui un raccourci, mais ce choix lui a finalement coûté la vie. C’est à partir de cette anecdote qui lui fut racontée à son arrivée à Vierzon que Dorian réalisera son prochain film. Elle devient alors une métaphore de la vie à Vierzon, à la fois attirante et engouffrante.

> Vivre le vide
Pour Dorian, il est important de vivre dans la ville et d’expérimenter son vide pour s’en imprégner et être au contact des habitant.e.s et non pas seulement venir y travailler en vivant à Paris, par exemple. L’idée est alors de faire de ce vide un support à projets, beaucoup d’habitant·e·s ont en effet leurs propres projets d’entreprises pour Vierzon. Cependant, la rudesse de la vie dans ce lieu les rend en grande majorité impossibles. L’un des principaux obstacles rencontrés peut être le manque d’interlocuteur·rice·s et de partenaires pour mener à bien un projet. Contrairement aux grandes métropoles, il y a tout un nouveau réseau à créer.

> Fédérer
Entre désertification, mixité sociale et transformation urbaine, Vierzon-Cinéma participe à la fabrication d’une compilation de regards croisés sur les transformations et tensions de ces villes moyennes. Dans ce type d’initiatives, l’associatif offre bien plus de possibilités que le commercial. Par exemple, Vierzon-Cinéma organise chaque année une projection plein-air pour laquelle Emmaüs prête les canapés, tapis et lampes, rendant l’évènement possible.
Il y a peu, la mairie de Vierzon – qui donnait alors 10 000€ à l’association – a annoncé qu’elle ne soutenait plus le projet. D’une certaine manière, puisque les films produits mettent en critique Vierzon et sa gestion, cela semble davantage cohérent que la Ville ne soit pas son (unique) financeur. Vierzon-Cinéma est ainsi à la recherche de nouveaux partenaires publics et privés pour pouvoir continuer ses activités.
Pour vivre sans passer par l’association, Dorian a réussi à obtenir le statut d’intermittent du spectacle et tire donc sa rémunération de ce dernier.

V. Antoine Bacchman, Le post-master Design des mondes ruraux – Arts décoratifs de Paris à Nontron (24300)
Site du post-master : ensadnontron.cargo.site
> Contexte
L’École des Arts Décoratifs de Paris a mis en place un post-master à Nontron, réunissant huit personnes âgées de 23 à 30 ans titulaires d’un Master 2 en design, art, architecture ou autres, pour vivre et travailler ensemble dans une maison commune, alors qu’iels ne se connaissent pas. Nontron a été choisie par l’ENSAD car elle réunit les caractéristiques d’un territoire en baisse démographique. Tout comme à Vierzon, elle pose la question des boutiques vides et de la désertification, alors que la ville est toujours vivante et n’est pas dépeuplée de ses habitant·e·s. L’enjeu du post-master est de répondre à ces problématiques par le design.

> Un statut particulier
Tout comme pour Dorian à Vierzon, l’intérêt de ce projet est de vivre le vide de Nontron, les problématiques propres à ce lieu et partager le quotidien et la réalité des habitant·e·s. Il faut également prendre compte l’accès à l’espace car, dans ce cadre, les étudiant·e·s font le choix de venir vivre cette expérience, alors que pour les habitant·e·s, vivre à l’extérieur des grandes métropoles peut être plus ou moins une obligation, par soucis de moyens. Cette gentrification pose la question de la dynamique menée par les artistes, faisant augmenter la valeur d’un quartier ou d’une ville par leurs travaux, mais qui s’en font ensuite chasser avec les habitant·e·s pour être remplacé·e·s par des personnes plus aisé·e·s. On peut à nouveau parler de valeur d’existence : c’est parce que les un·e·s sont ici que les autres peuvent être là-bas.
Les étudiant·e·s ont alors un statut d’artistes comme révélateur·rice·s des problématiques présentes à Nontron, apportant par la même occasion une visibilité à la ville. Iels se trouvent dans une position sociale où iels cherchent des terrains de recherche et leur donnent, par leur présence et leurs travaux, une valeur ajoutée. Ce type d’initiatives rebat ainsi les cartes de la construction des dynamiques économiques publiques mais aussi des liens qui unissent les espaces et les générations. Dans ces petits lieux, les habitant·e·s entretiennent une certaine fierté pour leur propre culture et ce qui constitue leur patrimoine commun.

> Le rôle des artistes
Qu’est-ce que l’art ? Et quel est-il dans les espaces où la culture y est quasiment absente ? Là encore, l’art revêt une valeur sociale bien plus qu’économique et peut-être vu comme une manière de porter attention aux choses. En mettant au premier plan la dimension sociale, il s’agit peut être de revenir à ses engagements premiers en termes de création artistique.
Pour l’instant, la postérité du post-master n’a pas été pensée. Parmi la promotion 2021-2022, Antoine est le seul qui aimerait poursuivre l’aventure à Nontron au-delà du projet initié. Mais pour cela, il devra le faire par ses propres moyens.

An Emmetrop – Antre Peaux association production

Dates (Period): 18/10/19 – 18/01/2020

All details here : http://green.rixc.org/ou-ert-phytophilia-chlorophobia-situated-knowledges-2-1/

This project has been supported by the European Union’s Creative Europe programme GREEN (Green Revisited: Encountering Emerging Naturecultures) in collaboration with Bandits-Mages and ENSA Bourges.

More about the global project Green Revisited here : http://green.rixc.org/

 

 

Du 16 au 18 mars 2018 se tenait au Mucem à Marseille un événement exceptionnel :

TRANS//BORDER, Les Enseignements de Nathalie Magnan. La manifestation a rassemblé 46 intervenant.es venu.es de plusieurs pays d’Europe et des États-Unis et a accueilli plus de 3 500 participant.es autour d’ateliers préparatoires (du 12 au 15 mars), d’une exposition, de trois séances de cinéma, d’une soirée VJing et de sept tables rondes.

Chaque table ronde, suivie par 200 à 350 personnes, a fait l’objet d’échanges animés et parfois polémiques entre les intervenant.es et avec la salle sur des sujets d’actualité, souvent complexes, que chacun.e a eu à coeur de mieux comprendre et de s’approprier. Nous allons, au fil du temps vous transmettre l’enregistrement vidéo de chacune de ces tables rondes dans leur intégralité ainsi que celui de la soirée Écosex, sous la forme d’une revue en 8 numéros. Cette revue rend compte de l’écho que trouve aujourd’hui chez de nombreux artistes, activistes, chercheuses et chercheurs, l’oeuvre de celle qui fut théoricienne et activiste des médias, réalisatrice, navigatrice… et féministe.

Retrouvez les vidéos sur archive.org et ICI.

 

Le dernier acte de Nathalie Magnan a été d’appeler l’attention sur celles et ceux qui, chaque jour, tentent de traverser la Méditerranée au péril de leur vie. Pour répondre à ce voeu, nous vous proposons de soutenir l’association civile de sauvetage en mer, SOS MEDITERRANEE : http://bit.ly/2hpvb9Z.

Léa Nugue est l’autrice de la Friche Antre Peaux Virtuelle 0.1. C’est à l’occasion de sa résidence que nous avons réalisé cette interview.

« Léa Nugue vit et travaille à Lyon. Ses recherches se nourrissent de mythes anciens qui s’entrecroisent à des formes d’actualités contemporaines, le plus souvent en utilisant des figures de femmes oubliées de l’histoire à qui elle réinvente des fictions qui soulignent les aspects de notre collectivité interconnectée. Elle imagine des entités virtuelles vouées à être incarnées, diffusées, et transposées dans différents médiums.« 

” Nous devons combattre la haine et la diffusion de l’ignorance et de la peur en utilisant efficacement l’histoire et les faits. L’idéologie ne supporte pas que nous établissions des liens “
Felix Gonzalez-Torres, “1990: L.A., “The Gold Field” 
 
Dans cette création, l’acteur de 120 battements par minute, d’Un couteau dans le cœur et de Sauvage Felix Maritaud (qui a étudié à l’école des Beaux-Arts de Bourges) nous invite à un voyage égo-complètement-trippé au sein de la nouvel trilogie des oeuvre de Guillaume Dustan publié chez P.O.L (Oeuvres II (2021)). Entre lecture, auto-fiction et finalement point d’accroche entre un auteur et son lecteur, Félix nous transporte entre commentaire sur le monde, sur l’amour de soi et l’amour de l’autre. 
 
 

Residence executed within the context of the permanent creation Fabrique "Mille et un Plateaux" in January 2021.

Electroacoustic composer, Stéphane Joly is responsible for the Sound workshop in the Higher National School of Arts in Bourges (ENSA Bourges) and teacher in the Academy of Music of the Electroacoustic class. He works with sound matter, field recording, and conducts interviews.

Anaïs Dunn is focusing on the inherent qualities of materials, their weight, heat, motion in space, reflection, and transparency. Questions and values arise from this from which Anaïs develops her research territory.

Résidence réalisée dans le cadre de la Fabrique permanente de création « Mille et un plateaux » en février 2021.

Par-delà la Brume est un collectif brumeux de plusieurs personnes naviguant sur les vagues du “KissKerCoeur”. Elles recherchent par la narration spéculative, une manière de penser « le vivre ensemble » ! Emmener avec nous le monde, dans cette possibilité de voir par-delà la matière à travers le langage, la transmission, le partage, l’oralité, l’immatérielle… Tous ces horizons subtils remplis de vie et de possibles.

 

Œuvres produites ou co-produites
de 1998 à 2019

_ « Une Lettre », Thierry Kuntzel, coproduction avec la Maison de la Culture et l’École nationale des Beaux- Arts de Bourges (1998-1999)

_ « Paris », Éric Maillet, installation numérique (1999)

_ « Au hasard Belthassar », Sammy Engramer, 12’ (2001)

_ « Catalogue sans raison », Sammy Engramer, site Internet (2001)

_ Christophe Dubois, 6’ (2001)

_ David Lino, 15’  (2001)

_ « BAADERBANK », Jean-Luc André, site Internet (2001)

_ « Fin de représentation », Renaud Auguste-Dormeuil, site internet, coproduction avec la Caisse des Dépôts et Consignations

_ « Bodydouble 17 », Brice Dellsperger, coproduction avec l’École nationale des Beaux-Arts de Bourges (2001) et la Galerie La Box

_ « Projection égocentrique POC(2) Parcours à Obstacle Cinématographique », 2001, Dispositif Super 8 et bande-son, Pascal Leroux, 0,57’

_ « Pieds nus parcourant le grenier POC(4) Parcours à Obstacle Cinématographique Dispositif vidéo et bande-son (double écran) », 2001, Pascal Leroux, 0,55’

_ « Le bond de bonne heure ou le saut du tréteau », 1997/2001, Installation sonore, Pascal Leroux, coproduction avec la Maison de la Culture de Bourges

_ « Buster suite Glissement horizontal pour traveling vertical », 2001, Dispositif super 8 et bande son, Pascal Leroux, coproduction avec la Maison de la Culture de Bourges, vidéo de 0,50’

_ « La Galerie des Monstres », coproduction avec La Berrichone du Salut, un espace d’exposition itinérant

_ « Micro situations », Marika Bührmann, une série de performances filmées (2002)

_ « Paraboles custom », Julien Celdran, installation chez les particuliers (2003)

_ « DV », Hervé Trioreau, installation en coproduction avec Emmetrop (2005)

_ « RAM », de Thierry Guibert, installation inter-active 

_ « Spectrographie », Œuvre collective, projet initié par Ewen Chardronnet

_ « Champ Libre », Pierre Bamford,

_ « L-INK», Lydie Jean-Dit-Pannel, coproduction Ars Numerica avec le soutien de l’ENSA Dijon (2008)

_ « Dialogue Fictif n°9 : Chercher Cinéma » , de La galerie du Cartable 45’ (2008)

_ « The Fallen Artist », Philippe Zunino (avec David Legrand)

_ « BUP Jardin », Nicolas BOONE, coproduction avec l’auteur, 8’42  (2008)

_ « À l’intérieur », Enna Chaton et Stephane Despax

_ « Périgrinations et autres choses », João Tabarra et David Legrand

_ « La Marelle et le épouvantails », David Legrand et Boris Lehman, coproduction DOV Films (2011)

_ « Survival Park, end of the world in Bugarach », Ewen Chardronnet et Elise Charbey, coproduction avec Labomédia, 22’ (2012)

_ « Lunaticus », Marissa Viani Serrano, Résidence EMAN#EMARE, 2’20 (2012)

_ « Les maisons Phénix renaissent toujours de leurs cendres », Sandra Emonet et Myriam Pruvot, en collaboration avec Guillaume Le Baube, photographe et OSP (Open Source Publishing), 4’40 (2011-2013)

_ « Field of broken dream », Guillaume Landron, coproduction (2012-2013)

_ « Paradox », David Legrand, Boris Lehman & Marie Losier, coproduction DOV Films (2013)

_ « Les oreilles sont des points cardinaux », projet Musical-India (échange entre la région Centre et le Tamil Nadu), coréalisation Isabelle Carlier et Fantazio, co-production Emmetrop, 60’ (2013)

_ « The Player – Cloud Berry », Bertrand et Arnaud Dezoteux, coproduction Baldanders Films, 26’24, (2014)

_ « 1973 (cellule pédagogique) », Sammy Engramer, coproduction AAAR

_  « K-9 Topology: I Hunt Nature And Culture Hunts Me », Maja Smrekar (Prix Ars Electronica) 8’36 (2014)

_ « Monts & merveilles », 2014, 45’, Cédric Michel, coproduction Sans Canal Fixe

_ « INTRUDERS », A-LI-CE et Jan Bode, coproduction CICLIC 3’17 (2014)

_ « La Maesta di Duccio », Andy Guérif et Pascal Da Rosa, production Capricci, 1h (2015)

_ « Sounding the Future », Gail Priest, Résidence EMAN#EMARE (2014-2015)

_ « Perspection », Matthew Biederman & Pierce Warnecke, Résidence EMAN#EMARE, 4’01 (2015)

_ « L’ Art de s’égarer », Boris Lehman, David Legrand, et Bruno Tackels, coproduction Dov Film, vidéo de 45’ (2015)

_ « The Temptation of St Anthony », John Sanborn, coproduction avec l’auteur, installation vidéo,35’ (2016)

_ « Phasme », Maeva Ranaïvojaona, coproduction Coktails Productions, Short Film Corner – Festival de Cannes (2016)

_ « Making Circle #7 », Magali Sanheira, 21’02 (2017)

_ « Le Zouave de Neptune », Simon Fravega (en cours de montage) (2017)

_ « Trans*Plant, ma maladie est une création artistique », film du workshop, 9’50, Isabelle Carlier et Quimera Rosa (2017)

_ « Pensées aléatoires », John Sanborn en collaboration avec Pascal Lièvre, coproduction avec l’auteur, installation vidéo (2018)

_ « Universal Ear », Graeme Cole, résidence EMAN#EMARE (2018)

_ « The Siren’s Dream », Aleksandra Niemczyk, résidence EMAP (en cours de post-production) (2018)

_ « Ecosex, User’s Manual », Isabelle Carlier, coproduction La Mule Au Web, 75’ (2019)

_ « Felix in Wonderland », Marie Losier, avec Felix Kubin, production Ecce Film, 49’ (2019)

_ « Bunny Boy’s back », The Residents (2019)

_ « Hot Bodies – Drive In », Gérald Kurdian (en cours de production) (2019)

_  « Octobre à Barcelone », Érik Bullo (2019)

_ « Circulos » de Julien Poisson, Théo Peruchon et Laurent Martin, post-production (2019)

_  « TransPlant, le film à Génialis » de Isabelle Carlier pour l’installation de Quimera Rosa (2019)

_  « Unborn 0X9 » de Shu Lea Chaeng et Ewen Chardronnet, co-production UrsuLab, La Labomédia et Makery

 

Portraits filmés

_ « Roger Cochini », par Philippe Zunino

_ « Mathieu Simon », par David Legrand (2014) 19’

_ « Le Dispositif : Pacôme Thiellement et Thomas Bertay », par Philippe Zunino

_ « Un génie sans talent », par Philippe Zunino

_ « Jean Barberis », par Julien Gasc

_ « FAIRE DE L’ART POLITIQUEMENT, QU’EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE ? », conférence de Thomas Hirschhorn, par Philippe Zunino

_ « Solaris, Dominique Blais », par Philippe Zunino

_ « Michel Giroud, un portrait des différents états du JE », par Philippe Zunino

_ « Mon cher Philippe », par Sammy Engramer

_ « Paz Lenchantin », par David Legrand

_ « Marissa Viani Serrano Ocampo », par Philippe Zunino

_ « Bernard Stiegler », portrait en quatre volets, par Philippe Zunino

_ « Boris Lehman », un portrait, par Philippe Zunino

_ « Steve Mackay, Fun House », par Jérôme Fino

_ « The Picnic Near the Lake Shore », Hervé Coqueret, par Philippe Zunino

_ « Mécanique générale », Thierry Guibert, par Philippe Zunino

 

Catalogue de diffusion de films non produits par Bandits-Mages :

_ «Goodbye Gauley Mountains », VOSTFR film Goodbye Gauley Mountains, Beth Stephens avec Annie Sprinkle (2013), 1h10’

_ « The real life of Diana », Clément Baratte, 67’,2018

 

Editions :

_ « Méandres et Média », à propos de l’oeuvre de John Sanborn, directeur de publication : Stephen Sarrazin, 2016

_ « Bunny Boy’s Emails », The Residents, 2019


Si vous êtes intéressé.e.s par l’un des films du catalogue, envoyez un e-mail à : isabelle.carlier@antrepeaux.net. 

Beyond the Mist offers poetic adventures, alone or with others via video streaming during their week of residence, from February 8 to 14! 

 

Beyond the Mist is a misty collective of several people sailing on the waves of the “KissKerCœur”. 

Through the “Narrative”, speculation, they look for a way to think “the living together”! Taking the world with us, in this possibility to see beyond the matter through the language, the transmission, the sharing, the orality, the immaterial... All these subtle horizons full of life and possibles.

Through imaginary biotopes, we try to think our interactions in line with our collective and individual commitments. They spread in various politico-social fields such as feminism, ecology, decolonialism, poetry, discreet activism, multi-cultural, etc. These fictional ecosystems allow us to create new ways to get around, to tell stories.

The desire is no other than traveling while sharing the respect of the living. A form of accessibility to the common imagination. Let us dream through the present. The dream offering possibilities, letting the psychics join the movement. If he who looks through the telescope sees only one eye, it is because he is looking in a mirror! Let’s break the glass and let the stories tell us, they are the feet, the hands, and other thoughts. Beyond the place and digital wanderings.

Interviews des artistes du réseau EMAP dans le cadre des Rencontre-s Monde-s Multiples

 

Maria Castellanos (projet Uh513)

Vienne Chan (projet Care Project Administration 2020)

Silvio Vujičić (projet Curtain)

Daniela Mitterberger (projet The Eye Of The Other)

Kat Austen (projet Stranger To The Trees)

Marco Barroti (projet Clams)

Margheritu Pevera (projet Wombs)

Une fable où Donna Haraway à bord d’un vaisseau spatial exerce notre imagination à aller en visite : visiter des mondes en train de se former, pour s’enchevêtrer. Avec, faire entendre, rendre visible et existant les êtres-compagnes qui peuplent ces mondes, tout en faisant référence à la science-fiction, aux féminismes spéculatif, ou à la science Fantasy. C’est aussi pour moi la volonté de fabriquer une histoire drôle, simple et radicale, en entremêlant les voix de mes ami.e.s et des êtres dont je me sens le plus proches avec l’esprit des auteurices qui nous racontent enfin une autre histoire de notre époque. Please, please another story, le tout jouer par des avatars numérique en 3D.

 

Club Contra-Sexuel is an on line DJ set ritual experience like an audio erotic massage to wake up the invisible bodies, the invented organs.

He combines the evocative forces of the queer science-fiction, the restorative songs of the militant feminism, the polymorphic states of club music, the sound track of a post-porno movie, maybe. Together and in a sound bath played and performed live, we dive in ourselves as in a fluid world where pleasure is expressed in multiplied forms.

Prohibited to minors under 18

 

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    Conformément à la réglementation en vigueur, vous devez nous donner votre accord pour recevoir après votre et l'inscription à notre lettre d'information.

DRUMS SHOW is a platform-moment where research proposals, live intents, take place in streaming, like in a series of direct experiences.

Following a practice of the radio developed collectively for close to a year, we have undertaken to use the television technologies (audiovisual management and multi-camera plan) in order to produce a flow permitting us to explore new scenographies.

But questions remain: how to have feedback on our creation when the audience is thousands of kilometers away from those who produce the content? Just how are we in a form of existence if it is close to a one-sided beam? 

In addition, the audiovisual plan wants to be considered as a form of listening in which the various elements of the production chain (presence of the bodies, lights, framing...) permit us to anchor in the live, this form of collective creation. 

This moment becomes the deciding factor because it is composed in a same space-time.

DRUMS SHOW was our final proposal for the Multiple World-s Festival. 

Thank you to the Ensa Bourges and Antre Peaux for their support, Thank you to Lou Froehlicher and Flora Bouteille for their active participation during the live.

 

Two sound entities were gathering on Saturday, December 5, at 9 pm to deliver a live.

Based on her anthropological works on the globalisation of the ayahuasca rituals, a psychotropic potion from the Amazon, Emilia Sanabria will question the efficiency of healing mechanisms. The ayahuasca rituals are multispecies mechanisms where the human-plants/worlds relationships are at stake. These mechanisms transform the attention modes. If, in the western world, the focus is on the pharmaceutical efficiency of the plant, the traditional healing practices show the importance of the ritual setting, of the way the space is maintained and the utmost importance of the care given to things.
 
Based on his works on environmental geography, readily qualified as gaiagraphic, Denis Chartier will question the efficiency of the response mechanisms to the ecological disaster and to the healing to the “territorial body”. After a short recall of what locks the political ecology proposals (in the Amazon, in international conferences, etc.), he will show, through the presentation of the winegrowers practices in natural wines in the Cher and Beuvron valleys, the paramount importance of care, its resonance with other than humans, visible or invisible, in order to fully build new manners of multispecies dwelling.